Records en matière de retards et de tâtonnements dans certains projets
L’aménagement et la restructuration de la zone urbaine « Planteurs-Ras El Aïn» est sans doute l’un des plus anciens et des plus importants projets inscrit au plan de gestion et de modernisation du territoire communal. Un projet évoqué il y a déja près de cinquante ans, que l’on croyait «étudié et ficelé», mais qui n’a jamais pu être finalisé pour différentes raisons liées notamment à la problématique du relogement des occupants de ce grand bidonville à flanc de montagne devant être éradiqué.
La plupart des walis qui se sont succédé à Oran et ayant hérité de ce dossier ont affiché au départ leur ferme volonté de régler les contraintes et sources de blocage pénalisant le lancement des opérations. Mais au fil des mois et des années, l’ampleur des difficultés exogènes, liées au mode et aux pratiques de gestion de la croissance urbaine, a empêché tout avancement et progrès dans la réalisation de ce projet de taille. Un défi qui devait commencer avant tout par la concrétisation d’un grand programme de relogement des habitants de ces quartiers. Un programme pourtant plusieurs fois annoncé et soi-disant ficelé, notamment au début des années 2000 quand les premiers recensements des occupants des habitations précaires donnaient des chiffres qui ne dépassent pas le millier de famille. Avec le temps, l’exode rural et l’afflux de populations venant de tous les horizons pour trouver refuge dans la grande ville oranaise, les besoins en logements de recasement allaient vite s’accentuer, paradoxalement favorisés par une politique sociale d’éradication des bidonvilles ouvrant la voie à diverses dérives. Ce projet de restructuration urbaine de la zone « Planteurs-Ras El Aïn» allait ensuite tomber aux oubliettes, si ce n’était la louable initiative de l’ancien wali Mouloud Chérifi qui a réinstallé le dossier dans le débat public.
Malheureusement, les efforts de l’ancien responsable local allaient se heurter aux choix des décideurs centraux en matière de priorité à accorder au financement des projets dans une période économique de plus en plus marquée par les appels à l’austérité budgétaire. Avec la reprise au pas de charge des opérations de relogement des occupants de bidonvilles, dont ceux des Planteurs et de Ras El Aïn, il fallait bien penser à l’avenir urbain des terrains récupérés et à l’implantation d’infrastructures et d’aménagements divers afin d‘éviter un retour des baraques de bidonvilles. Selon les services de la wilaya, près de 70 hectares de foncier seraient aujourd’hui disponibles sur une superficie totale recouvrable estimée à 200 hectares.
Mais selon des observateurs avisés de la gouvernance locale, l’évacuation totale de tout le bidonville de la zone « Planteurs-Ras El Aïn» relève encore d’une utopie tant la démarche «par tranches et par étapes» engagée depuis toujours risque d’être longue et incertaine… Ce grand projet urbain, comme tant d’autres, est inscrit lui aussi dans la liste des records en matière de retards et de tâtonnements connus dans certains grands projets. Ainsi va Oran.
Par S.Benali