EDITO

Retour à la case de départ

Il y a un an, pratiquement jour pour jour, les talibans entraient victorieusement dans Kaboul. Le point d’orgue d’une offensive menée plusieurs mois auparavant et qui laissait peu de doute sur l’issue finale de cette reconquête. Les talibans devenaient ainsi maître d’un Kaboul fui par le gouvernement afghan dont les chefs avaient déjà déserté les lieux vers des capitales du Golfe.
Un gouvernement qui depuis son installation au pouvoir par les Américains au début des années 2000, s’est distingué par des querelles intestines et une gestion de la chose publique marquée par une corruption sans limites et une incapacité chronique à former une armée régulière digne de ce nom, malgré l’implication des instructeurs américains. Mais rien n’y fait et aucun de ces gouvernements n’a été capable d’édifier un État fort pouvant résister aux soubresauts d’une société traversée par de multiples crises aussi bien sécuritaires, spirituelles qu’économiques. En août 2021, les talibans n’ont fait en réalité que recueillir un fruit pourri.
Mais ce qui a changé pendant ces années, c’est la société civile afghane,et en particulier les femmes. Les femmes qui ont été et sont toujours l’ennemi juré des talibans, dont les premières décisions ont été de priver les femmes de pratiquement tous les droits qu’elles avaient arrachés pendant toutes ces années. Pas de travail, pas d’éducation, retour de la burka, et obligation de sortie avec un homme de la famille.
D’ailleurs, les milices armées qui font l’ordre à Kaboul et ailleurs réservent une attention particulière aux femmes et se consacrent exclusivement à les «remettre dans le droit chemin». Mais les temps semblent avoir changé et des groupes de femmes n’ont plus peur d’afficher leur refus aux injonctions des nouveaux maîtres de Kaboul et organisent même des marches de protestation qui font désormais partie du décor de la capitale.
A côté de cela, et c’est peut être le pire, l’Afghanistan fait face à une crise économique des plus aiguës et le pays pourrait même se retrouver devant une crise alimentaire et sanitaire bien difficile à relever pour un régime isolé et n’ayant aucun moyen ni expertise pour gérer le pays.
L’Afghanistan n’a pas fini de manger son pain noir et avec tout cela il doit faire face à un vrai problème de sécurité, car les talibans ont trouvé plus extrémistes qu’eux en ces groupes de daech qui multiplient les attentats et représentent une vraie menace pour les mollahs.
Par Abdelmadjid Blidi

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