
Réunis au sein d’un collectif : les Maliens appellent au retour «effectif» à l’ordre constitutionnel à Bamako
Opposés à la possible dissolution des formations politiques et au rallongement de la période de transition, les Maliens ont lancé un appel «solennel» au retour «effectif» à l’ordre constitutionnel à Bamako, réaffirmant leur attachement à la démocratie et à l’Etat de droit.
Réunis au sein d’un collectif, des acteurs de la société civile malienne, des responsables politiques, journalistes, intellectuels, syndicats et citoyens engagés ont réitéré, dimanche, dans un manifeste lu lors d’une rencontre à la Maison de la presse de la capitale, leur «attachement profond aux valeurs démocratiques et républicaines».
En effet, au lendemain de la manifestation organisée devant le Palais de la culture de Bamako par une coalition de plusieurs dizaines de partis politiques maliens, des membres de la société civile et de la classe politique maliennes se sont à leur tour rassemblés pour rendre public un manifeste. Dans leur manifeste, ces Maliens ont lancé «un appel solennel pour le respect de la démocratie, du pluralisme politique, des droits fondamentaux et pour un retour effectif à l’ordre constitutionnel». Ils ont exprimé, à l’occasion, leur rejet de «toute forme de dérives autoritaires, de confiscation du pouvoir ou de restrictions des libertés», soutenant que «seule une gouvernance basée sur le droit, la transparence et l’inclusion peut répondre aux aspirations profondes du peuple malien».
Rejetant les propositions formulées à l’issue d’une récente consultation encadrée par les putschistes militaires au pouvoir, parmi lesquelles figurent la dissolution des partis politiques et l’octroi d’un mandat présidentiel de cinq ans sans élections au président de la transition, le général Assimi Goïta, les Maliens ont insisté sur l’importance d’»organiser des élections transparentes, inclusives et apaisées», de «respecter le pluralisme politique et la libre participation des forces sociales et politiques» qu’ils considèrent comme «condition essentielle de la légitimité démocratique». «Nous affirmons avec force que la démocratie, le respect des normes constitutionnelles, des libertés fondamentales, du pluralisme politique, sont les piliers de la stabilité et de la légitimité», ont-ils encore souligné.
Ils ont mis l’accent, à cet égard, sur «le respect intégral des droits et liberté fondamentaux, notamment la liberté d’expression, de la presse, de manifestations pacifiques et d’association».
Mobiliser la jeunesse
Le collectif a appelé, dans ce contexte, à la mobilisation pour «sensibiliser les Maliens sur l’importance de la démocratie» et pour veiller «activement» à «la transparence du processus de transition» et à «la tenue d’élections régulières conformément à la Constitution». Il y a une semaine, des jeunes issus de la classe politique et de la société civile maliennes ont déjà publié un manifeste appelant la jeunesse à se mobiliser contre la possible dissolution des formations politiques par le pouvoir.
«Nous voulons réaffirmer notre attachement à la pluralité politique, à la démocratie, à la liberté d’expression et au jeu démocratique comme il doit se faire au Mali», a déclaré à la presse Hamidou Doumbia, l’un des jeunes signataires du manifeste. Pour se faire entendre, ces jeunes maliens entendent mobiliser du nord au sud et de l’est à l’ouest du Mali, non seulement pour défendre le multipartisme, mais aussi pour appeler au retour à l’ordre constitutionnel dans le pays.
Leur mobilisation vise à ne pas laisser le champ libre à «un groupuscule de jeunes à la solde de la junte» qui a lancé une campagne pour appeler à dissoudre les partis, probablement avec le soutien des autorités maliennes. Samedi, des centaines de personnes ont manifesté à Bamako, scandant des propos hostiles à la pérennisation de la transition et à l’instauration d’un pouvoir autoritaire.
«Nous rejetons avec force les conclusions issues des assises récentes, tenues sans représentativité réelle, et les considérons comme nulles et non avenues», a déclaré la majorité des partis politiques maliens dans une déclaration commune publiée à l’occasion. Dans leur déclaration, ces partis ont exigé «la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025», appelant à «la mise en place d’un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel». La Commission nationale des Droits de l’Homme du Mali a exprimé, de son côté, sa «vive inquiétude» face aux «menaces croissantes» qui pèsent sur les droits civiques et politiques. Elle a rappelé, dans ce contexte, aux militaires au pouvoir, ses obligations de «protéger les libertés fondamentales de tous les citoyens», soulignant que «le respect de ces droits est crucial pour garantir une démocratie solide et éviter tout glissement autoritaire».