L’Afrique n’est plus un continent isolé, puisqu’il interagit avec les autres puissances de la planète à l’image de la Chine, de la Russie et de la Turquie. Cela en plus de son évolution à l’interne où l’on constate l’émergence de l’Algérie, l’Afrique du sud et le Nigeria.
Les Etats-Unis, actuellement en conflit ouvert avec la Chine et la Russie, ont réuni les pays africains au plus haut niveau de représentation pour voir ce qu’il y a lieu de faire pour développer le partenariat entre les deux zones. L’hyper puissance qui, il n y’a pas si longtemps, n’avait même pas besoin d’insister pour voir le monde a ses pieds, n’a pas réussi à «fédérer» l’Afrique contre la Russie sur le dossier ukrainien. C’est dire que les temps ont changé. Mais la politique étant l’art du possible, le président US, Joe Biden a fait l’effort d’écouter ses pairs africains. Ainsi, le 2eme Sommet Etats-Unis/Afrique a conclu à la nécessité pour les Etats-Unis d’«œuvrer pour une plus grande représentation de l’Afrique au sein des instances internationales, y compris de la gouvernance internationale».
Pour arracher cet engagement, les dirigeants africains ont certainement fait remarquer à leur hôte l’évolution des rapports qu’a l’Afrique avec le reste du monde. Ce n’est plus un continent isolé, puisqu’il interagit avec les autres puissances de la planète à l’image de la Chine, de la Russie et de la Turquie. Cela en plus de son évolution à l’interne où l’on constate l’émergence de l’Algérie, l’Afrique du sud et le Nigeria. Aussi, les Etats-Unis qui doivent absolument prendre en compte tous ces nouveaux éléments, ont annoncé un plan de réforme du Conseil de sécurité onusien, en appuyant les sièges permanents des pays africains et exprimé leur soutien à l’UA pour son adhésion au G20 en tant que membre permanent. Il va de soi que cette démarche obéit à une volonté d’annuler, sinon amoindrir l’influence des autres puissances en Afrique.
Mais l’essentiel de l’engagement US pris lors du sommet consiste en «l’engagement à renforcer les domaines de coopération à long terme et à élargir le partenariat pour relever les défis, et mieux exploiter les opportunités communes».
Conscients de la concurrence que lui font la Chine et la Russie dans le continent noir, les Etats-Unis entendent «approfondir la coopération pour résoudre les problèmes internationaux et élargir les domaines de la technologie, de cyber-sécurité, du commerce et de la protection de l’environnement et de l’économie», retient-on dans la déclaration finale.
Le même communiqué souligne «l’importance d’un partenariat renouvelé et élargi pour le traitement des crises alimentaires et du climat, le renforcement des systèmes sanitaires et la construction d’une économie mondiale forte et inclusive, le soutien à la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et le renforcement de la paix et de la sécurité». Tout un programme que les Américains espèrent appliquer avant tout le monde, sauf que les Russes, les Chinois et les Trucs sont déjà à pied d’œuvre en Afrique. Il s’agira sans doute pour Washington de profiter des points de faiblesse du partenariat Afrique-Brics pour donner un sens au partenariat renouvelée qu’ils espèrent construire avec le continent noir, très pourvu en richesses souterraines.
Quant aux points de divergence relevés entre les différentes parties participant au Sommet, ils n’en manquent pas. Ainsi, pour se séparer sur une note positive, il a été convenu de «les inscrire à l’ordre du jour en favorisant le débat fondé sur le respect».
Les USA font donc profil bas et consentent à discuter avec les pays africains. Il va de soi que cela ne se passera pas aussi facilement, compte tenu des intérêts divergents entre les pays des Brics et l’hyper puissance mondiale. L’Afrique devra s’attendre à quelques tensions, mais a tout de même décroché l’accélération des échanges de visites de haut niveau et la mobilisation «des grands diplomates pour la mise en œuvre d’une vision commune de partenariat au service de toutes les parties», conclut le document. Une nouvelle ère s’annonce pour le continent noir…
Anissa Mesdouf