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Aïn El Turck:
Soulagement des commerçants après le déconfinement

Synonyme de délivrance pour les restaurateurs, les cafétérias ainsi que les tributaires des petits bénéfices rapportés par un large éventail d’activités, naviguant dans le sillage du balnéaire, la levée du confinement a fait voler en éclat la sordide platitude, qui prévalait dans la contrée d’Aïn El Turck, réputée pour son animation nocturne, boostée les établissements de commerces achalandés, qui ne baissent leurs rideaux qu’à une heure tardive de la nuit.

«Nous nous estimons vernis. Nous avons glandé à attendre la levée du couvre feu, ce qui nous permet de gagner un peu plus mieux notre pitance après avoir été durement confrontés à une péroraison en queue de poisson lors de la saison estivale et ce, avec tous les impacts négatifs, qui se sont répercutés sur notre maigre budget. Nous tentons d’exploiter ce retour à la normale» ont déclaré avec des jeunes faisant partie de la faune de l’informel, qui exercent diverses activités dans le chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck avant de renchérir « nous nous sommes enlisés pernicieusement dans les sables mouvants de la débine et nous nous demandions comment nous en extirper. Les problèmes ne vont pas s’arrêter avec le déconfinement. Nos familles vont encore manger beaucoup de pain rassis. Les maigres ressources du foyer se sont taries et les dépenses ont augmenté ».
Les témoignages recueillis auprès des familles démunies de la municipalité d’Aïn El Turck, dépendantes des activités informelles ont souligné en substance « Nous avons fait entre temps appel à la débrouille, une équation aux mille inconnues, qui multiplie l’incertitude dans laquelle nous avons tenté de subsister dans un contexte légendaire au chômage forcé ».
Toujours est-il que l’ambiance particulière, qui s’est installée dans cette contrée après le déconfinement, semble à priori avoir ressuscité de ses cendres la version originale des lieux avec une certaine animation nocturne. Les morbides conditions de vie, frisant l’opprobre, dont ont été cruellement confrontées les familles issues de couches défavorisées d’Aïn El Turck, qui subsistaient grâce au misérable salaire que rapporte l’emploi précaire, ont basculé au cours du long confinement, dans l’inconcevable et l’ignominie.
« En raclant tous mes tiroirs, j’ai constaté avec effroi que mes maigres économies avaient été épuisées. Je me demandais avant l’annonce du déconfinement comment faire pour nourrir ma famille ? Je ne disposais d’aucune rente depuis le début du confinement » a postillonné sous l’effet de la colère un quinquagénaire, employé dans un fast-food du chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck, avant de renchérir « j’étais déjà au bord du gouffre et j’y ai plongé avec la crise sanitaire, qui a entraîné la fermeture des établissements de commerce et mis à l’arrêt de nombreuses autres activités ».
D’autres témoignages beaucoup plus bouleversants ont été recueillis à ce propos. « Nous tentons difficilement d’affronter les impacts négatifs enfantés par la crise sanitaire. J’ aidais à subvenir aux besoins de notre famille en exerçant le métier de couturière dans un atelier. La patronne a fermé sa boutique sans crier gare dès le premier jour du confinement. Elle s’est confinée dans le luxe de sa résidence, en s’inscrivant aux abonnés absents, sans se soucier du sort de ses employées, abandonnées sans salaire » a regretté avec une pointe de dépit une mère de famille.
Toujours est-il qu’un mélange de sarcasme, d’inquiétude et d’expectative était perceptible chez ces familles, mal-logées dans leur grande majorité, qui subsistent grâce à une pauvre rémunération, rapportée par des activités informelles ou des emplois précaires, non déclarés et n’ayant évidemment pas de couverture sociale. L’impact indésirable réside dans le manque à gagner chez ces gens. Le cas éloquent d’un autre père de famille demeurant dans un appartement sous-loué d’une cité de logements sociaux, dans la municipalité d’Aïn El Turck.
Chauffeur d’un véhicule de transport public privé, notre interlocuteur avait du mal à contenir son exaspération «Je ne me soucie nullement de la disponibilité ou pas de l’huile, ce qui me préoccupe plutôt est si je serai en mesure de payer mon loyer. Je redoute aussi encore plus d’être prié de quitter les lieux ».
Notons aussi le véritable dilemme pour certains restaurateurs, qui eux même louent leur local et ont été obligés de donner un congé payé à leur personnel. Il leur a été difficile, au vu de l’insuffisance de leurs moyens de trésorerie, de payer encore leurs salariés avec la baisse fulgurante de leurs activités durant le confinement.
Rachid Boutlélis

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