L’expression chassez le naturel, il revient au galop, illustre à priori fidèlement la sordide situation, prévalant sur une superficie, longeant partiellement la cité Hansali, dans la municipalité de Mers El Kébir, en contrebas de l’évitement, reliant la RN2 à la route de la corniche supérieure, vivement décriée par les habitants.
Ces derniers, qui ont pris attache avec notre journal, se sont insurgés contre la naissance d’un regroupement d’habitations illicites, dont l’une d’entre elles fait office d’un abattoir clandestin de volaille, sur ladite superficie s’étendant sur environ 5 000 m2. Notons que cet espace était occupé par un îlot d’habitations rudimentaires, qui a été ciblé par une opération de démolition pour le besoin d’un projet d’utilité publique au cours de l’année 2017. En effet, l’expropriation a été nécessaire pour la construction de l’ouvrage.
La dizaine d’habitants, qui occupaient ces lieux, a été relogée au niveau du pôle urbain d’Oued Tlélat et celui de Gdyel. « Nous nous interrogeons sur le pourquoi et comment ces lieux ont été réinvestis par l’illicite au vu et au su de tout un chacun ? Cette transgression, plus particulièrement puante en raison des émanations nauséabondes, qui se dégagent de cet abattoir de volaille, ruine l’atmosphère de notre lieu de résidence. Nous avons vainement, à maintes reprises, signalé cet état de fait aux responsables locaux, mais nous avons l’impression qu’ils préfèrent regarder le doigt montrant la lune » ont tancé avec amertume nos interlocuteurs.
Ces derniers escomptent saisir la wali sur ce qu’ils ont qualifié de « délit portant atteinte à leur cadre de vie d’une part, et à celui de l’environnement d’autre part.
Nous interpellons le chef de l’exécutif de la wilaya pour intervenir dans cette situation, qui risque sans aucun doute de donner naissance à un bidonville ». Il convient de noter dans ce contexte que la municipalité de Mers El Kébir, dont la présence humaine remonte à la préhistoire, avec des hommes ayant vécu dans ses grottes, est un véritable amphithéâtre, inséré dans l’extrémité occidentale de la baie d’Oran et qui était d’abord un port romain du nom de Portus Divinus (port des dieux), avant de devenir un arsenal naval almohade du XIIe siècle, ayant été occupée par les espagnoles en 1505, jusqu’ à 1792 année de sa reconquête.
S’étendant sur une superficie de 12 km2 et abritant un peu plus de 21 000 habitants, Mers El Kébir, qui était naguère l’une des plus importantes communes d’Oran, végète hélas aujourd’hui dans une absurde désuétude. Elle s’est en effet transformée au cours des vingt dernières années en un peu reluisant pôle d’attraction pour les constructions et autres extensions illicites et ce, à la faveur d’un stupide laisser-faire, voire parfois de complaisance des uns et des autres. Le phénomène des masures hideuses, constituant de sordides bidonvilles, s’est manifesté sur la zone surplombant ladite municipalité au milieu des années 1990 où tout honte bue, des membres de réseaux spécialisés dans la vente de lopin de terre et de baraques, vantent leur mainmise sur des dizaines d’hectares du domaine public et forestier. Au fil du temps, la bidonvilisation a réussi ainsi à s’approprier d’immenses superficies, essaimées à travers le territoire de cette commune.
Des parcelles de terre ont été ainsi détournées de leur vocation initiale pour abriter des bidonvilles de plus en plus nombreux, encore plus vastes et autant répugnants. L’infraction relative au branchement illicite sur le réseau de l’électricité et celui de l’AEP par les occupants de ces masures, est devenue courante avec le temps. Les décharges sauvages, qui ont fait leur apparition autour de ces regroupements de baraques, résultant des amas d’ordures ménagères déposés par leurs occupants, ont ajouté une piètre touche supplémentaire à ce triste tableau.
En réalité, c’est un secret de polichinelle pour tout un chacun, le fait que des familles venues de différentes contrées du pays, espèrent composter un ticket, qui leur ouvre le supposé droit de figurer sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux ou de ceux de la résorption de l’habitat précaire, RHP.
Selon nos sources, les membres des réseaux cités plus haut, font miroiter sournoisement ce prétendu avantage et ce, dans le but évident de convaincre leurs potentielles victimes à acheter une baraque ou une parcelle de terre dans ces hideux regroupements de constructions illicites.
Rachid Boutlélis