Oran

La biscornue réalisation du Châteauneuf d’Oran:
Une carcasse disgracieuse trônant hideusement depuis plus de trois décennies

Tel un chicot encrassé de tartre dans la bouche d’un édenté, l’hideuse carcasse de la tour du Châteauneuf, surplombant les bas quartiers d’Oran, trône lamentablement depuis plus de trois décennies sans pour autant tarauder la conscience des esprits étriqués.

Une diversité, aussi large que farfelue, d’activités devant être abritées par cette infrastructure, qui végète dans une sordide et insensée désuétude, a été, à chaque fois, annoncée tambour battant par ceux qui ont eu à gérer le dossier en question. A chaque fois le résultat du pétard mouillé était le même. Un ridicule outrancier, qui met à nu l’absence d’esprits créatifs et la présence de la pétulante empreinte du dénuement intellectuel des uns et des autres, ayant été chargé de l’édification de la tour de 20 étages constituant cette infrastructure. Il convient de rappeler que la relance du projet de l’hôtel Châteauneuf a été remise d’actualité pour la énième fois quelques mois auparavant par l’ancienne APW d’Oran, lors d’une réunion de travail et ce, pour débattre de l’entame de la réhabilitation de ce projet. Un apport financier d’un montant de 2 milliards de dinars a été dégagé pour ce besoin.
Une entreprise turque, qui venait, à cette époque, d’achever le projet de réalisation de la mosquée Ibn-Badis, a été retenue pour la finalisation de la réalisation du Châteauneuf, dont la première entame des travaux remonte aux années 1980. Au terme de cette réunion, une décision a été prise pour relancer le chantier au cours du mois de février 2016. Il était prévu que cette infrastructure abriterait le siège de la mairie d’Oran. Il est nécessaire de signaler également que les travaux de réalisation du Châteauneuf se sont subitement arrêtés en 1986 et ce, en raison d’une absence de dotation budgétaire.
Au cours du mois de mars 2012, la direction de programmation et de suivi budgétaire, Datp, de la wilaya d’Oran, avait informé les médias d’une dotation d’un milliard de dinars en faisant état du suivi de la réhabilitation, qui aurait été confié à un bureau d’études portugais. L’ex-directeur du centre Cervantès a proposé en 2014 le lancement d’un avis d’appel d’offres en direction des artistes et ce, pour exécuter des dessins d’art sur la façade de la carcasse afin, suprême ironie, de dissimuler l’affligeante image de la répugnance qu’offre le Châteauneuf au visiteur. Notons dans cette morbide foulée que lors des préparatifs de la conférence de l’OPEP au cours du mois de décembre 2008, la Sonatrach a exprimé sa volonté de récupérer l’infrastructure dans le but de réaliser un hôtel de classe internationale. L’effet plouf dans l’eau d’oued ‘’Rouina’’, qui coule partiellement dans les sous-sols de la zone sur laquelle a été érigée cette tour, s’est lamentablement répercuté sur cette proposition ayant, en sus, déplorablement buté sur des impondérables bureautiques.
La disgracieuse tour du Châteauneuf, vouée à une résignation apathique, semble narguer, du haut d’un monticule surplombant la baie d’Oran, ceux ayant eu à gérer le volet de la réalisation de ce biscornu projet, dont les travaux ont été entamés plus de trois décennies auparavant. « Je m’en souviens très bien. A cette époque, j’étais encore étudiant en architecture.
Il m’arrive parfois aujourd’hui de conter à mes petits enfants l’histoire du baroque Châteauneuf » a fait remarquer sur un ton laborieusement sarcastique un architecte à retraite, domicilié à Sidi El Houari, qui a lui aussi a connu des péripéties analogues, au cours de ces trente dernières années, en termes de réhabilitation.
Rachid Boutlélis

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