Oran Aujourd'hui

Un projet en attente depuis près de trente ans…

En octobre 2003, les autorités locales et municipales alors en poste avaient annoncé à grand tapage médiatique la reprise et le lancement imminent d’un fameux projet de réalisation de «marchés parisiens» à travers certains quartiers d’Oran. Il s’agissait, disait-on, d’aménager un espace commercial temporaire sur une placette, un grand trottoir public ou une ruelle, ouvert tous les matins à des marchands, légalement domiciliés, qui auraient l’obligation de quitter les lieux en début d’après-midi pour laisser place aux services communaux chargés du nettoiement. L’espace serait alors restitué aux citoyens et aux riverains jusqu’au lendemain matin. C’est la en tout cas une norme connue dans bon nombre de grandes métropoles célèbres pour l’organisation harmonieuse de leurs marchés dits «parisiens» aussi attractifs que pittoresques à visiter même par les touristes étrangers.

Ce qui, malheureusement, reste encore une utopie pour la capitale oranaise prise en otage par des carences de gestion et des inepties érigées en sublime modèle de gestion des espaces urbains. Les Oranais, parmi les plus âgés, se souviennent bien de la célèbre rue des Aurès; ex-La Bastille, abritant le plus ancien marché de type parisien de la ville et qui a fini, avec le temps et les conjonctures de gestion, par perdre toutes les normes d’entretien et de fonctionnement d’un marché digne de ce nom. Bon nombre d’immeubles bordant la rue de la Bastille, abandonnés aux blessures du temps et à la dégradation, ont fini par être inscrits au registre du vieux bâti voué à la démolition.

Avec l’explosion démographique et l’exode rural sans précédent vers la grande ville de l’ouest, la rue et le marché de la Bastille allaient vite devenir un gouffre d’anarchie et de turpitudes aggravées par l’incivisme chronique et le laxisme ambiant. Et depuis une bonne vingtaine d’années, les autorités communales ne cessent d’annoncer tous les deux ans un prochain transfert des marchands vers un marché couvert devant être aménagé dans les locaux de la vieille cave vinicole mitoyenne à la place Hoche.

Mais jamais ce projet n’a pu être concrétisé, tant les pressions et les conflits d’intérêts ont à chaque fois pesé sur la balance des décisions au profit des solutions d’attente et des renoncements. Cette rue de la Bastille et son marché allaient vite devenir un exemple d’anarchie et d’échec hallucinant dans la gestion, le fonctionnement et l’entretien des marchés et des espaces urbains.

Malgré un nombre de tables officiellement autorisé limité à 95 marchands, la rue de la Bastille compte aujourd’hui plus de 200 marchands illégaux ou illicites qui s’entassent dans un cadre d’hygiène désolant. Et depuis quelques jours, ce vieux dossier de la réhabilitation de la rue des Aurès, ex-La Bastille, est de nouveau réinstallé au débat local grâce à l’annonce du wali en poste engagé à éradiquer ce «point noir». Selon la presse locale, un projet d’aménagement de la rue des Aurès a été, encore une fois, présenté la semaine dernière aux autorités locales par un bureau d’études, signataire d’une convention avec la commune d’Oran.

Mais pour les mauvaises langues locales qui disent évidemment Inchaallah pour la réussite de cette énième initiative, les décennies de bricolages et de tâtonnements, les pesanteurs bureaucratiques, les conflits d’intérêts entre acteurs convoitant l’immobilier et le foncier, et bien d’autres facteurs nuisibles à la gestion et au développement local, ne cessent de forger la triste fatalité qui pèse sur une ville pleine de rêves et de grandes ambitions.

Par S.Benali

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