Un risque bien réel
Le monde est devenu fou. Ou plutôt, comme le dit un politique, nous sommes devenus fous. Partout aux quatre coins de la planète, les tensions montent et les conflits éclatent. Désormais, on a cette impression que tout se règle par la manière forte, y compris la paix. Peu de place est laissée à la discussion et aux pourparlers. Les plus forts imposent, sans aucune formalité diplomatique, leurs visions et se soucient très peu des peuples et de leur avenir.
Ce qui se prépare pour les Palestiniens a sérieusement de quoi nous inquiéter. Les droits les plus élémentaires de ce peuple sont totalement ignorés, et la cause palestinienne est en train d’être tuée à petit feu. Le plan que Washington et l’entité sioniste sont en train de monter pour Ghaza signifie tout simplement la fin de cette cause. La déportation programmée des Ghazaouis vers l’Égypte et la Jordanie signifie la fin de l’existence des Palestiniens sur leurs terres et la victoire de la logique du plus fort.
Quand Trump dit que son projet de la nouvelle Riviera est ce qu’il y a de mieux à faire à Ghaza, il entend tout simplement une liquidation pure et simple de la cause palestinienne. Le même Trump a indiqué, juste après le sommet du Caire, qu’il refusait la proposition de l’Égypte, et confirme, si besoin est, que son appui aux thèses sionistes est une conviction profonde et un choix stratégique qui vont bien plus loin que le seul fait de vider la bande palestinienne de ses habitants légitimes. Car le plan va encore plus loin, et l’agression sioniste en Cisjordanie qui dure depuis près d’un mois fait partie de cette stratégie globale d’imposer le fait accompli, et de faire des Palestiniens, qui resteront encore sur ce qui restera de leurs terres, de simples citoyens de seconde zone
Et définitif, les choses sont faites de manière à enterrer pour toujours la solution à deux Etats. Pour les Américains et les sionistes, le projet et le droit des Palestiniens à avoir un Etat indépendant, aux frontières de juin 1967, avec Jérusalem comme capitale est une option refusée. Une transgression assumée du droit international et un déni de la légalité internationale que l’on veut imposer au mépris de tout bon sens et de toute justice.
Mais si les choses en sont arrivées là, c’est en grande partie à cause des positions honteuses de certains régimes arabes qui ont tourné le dos aux Palestiniens et à leur cause. Et comment peut-il en être autrement quand l’ambassadeur d’un pays arabe à Washington (les Émirats pour ne pas les citer) déclare que le seul plan qui existe aujourd’hui pour Ghaza est celui de Trump. Comprendre que c’est le plan que ces Arabes ont accepté, et que surtout ils le jugent possible et acceptable. Au fond le problème n’ est pas tant Trump, mais bien tous ces régimes arabes qui ont abandonné les Palestiniens.
Par Abdelmadjid Blidi