Selon nombre de paysagistes et d’urbanistes, d’un avis unanime, il ne manquerait pas beaucoup pour que la commune d’Aïn El Türck retrouve un semblant d’harmonie urbanistique malgré les effets du temps et la « main » de l’homme
qui ont quasiment défiguré cette station balnéaire, dont la baie s’ouvre
sur une longueur de 8 km environ, entre Cap Falcon au nord-ouest et la pointe
de Saint Roch au sud-est et un contact entre mer et terre assuré par une ligne discontinue de plages sableuses.
Dans une soutenance de thèse de magister ayant pour intitulé « Impact de l’urbanisation sur l’évolution du littoral, Cas de la commune de Ain El Türck », il en ressort selon son auteur, « le décalage entre le discours des sphères politiques et la gestion concrète des acteurs locaux ». Le verdict est sans appel, l’urbanisation et l’aménagement non contrôlés du littoral sont le résultat d’insuffisance au niveau de la réglementation, à la mauvaise gestion des acteurs locaux et à l’inconscience des usagers et ce en totale contradiction avec la loi relative à la protection et à la valorisation du littoral datant du 05 février 2002.
Et ce, bien que les pouvoirs publics aient consenti dans ce domaine des efforts effectifs et une politique très ambitieuse avec des plans d’aménagement côtiers lancés à travers les 15 wilayas littorales que compte le pays et l’installation de commissariats nationaux du littoral, est-il rapporté. Mais comme on peut le constater à travers ces dernières décennies, l’évolution de l’urbanisation a pris une trajectoire autre, à savoir celle du désordre et de la confusion. Les différents PDAU (plan d’aménagement urbain) confiés à des bureaux d’études sans grande connaissance des lois et sans grande conviction, aidés volontairement ou non en cela, par l’incompétence en la matière d’élus locaux, n’ont pas répondu aux objectifs ni aux exigences de l’heure, faisant de cette contrée côtière, un sanctuaire social, sans portée économique , ni touristique d’ailleurs.
L’exode rural, puis le phénomène des constructions illicites ont donné naissance à une multitude de zones d’ombre et de points noirs qu’il est devenu quasiment impossible à éradiquer ou à reloger leurs occupants au vu de leur nombre effarant.
Passant de 5.000 habitants à près de 32.000, la ville ploie sous la densité humaine, dont la concentration au mètre carré a elle aussi explosé. Les zones dites à habitations résidentielles et protégées par le code du littoral en matière d’élévation, n’échapperont à la transfiguration avec l’apparition de tours immobilières de pas moins de 07 étages.
La spaciologie inhérente à l’organisation de l’activité économique et commerciale, est désuète. Sans mini-zone d’activités ni d’espaces réservés aux activités, à l’instar de la revente des matériaux de construction, par exemple, ont ouvert droit à une hétérogénéité invraisemblable. Le squat de la voirie s’est insurgé en sport local pour tout type d’activités. Et enfin, l’absence de projets structurants à forte valeur ajoutée, capables de générer des ressources fiscales créatrices de richesses, est à l’origine de la naissance d’une activité commerciale informelle, hypothéquant ainsi toute velléité de développement local. Le mal n’étant pas tout à fait à son point de non-retour, la première tâche, consisterait en premier lieu, selon nos spécialistes, à rétablir les choses dans leur ordre naturel, par la redéfinition de la spaciologie de l’organisation économique, la mise d’un frein à la construction immobilière anarchique dans les espaces non adéquats, la réhabilitation des espaces culturels, touristiques et de détente, tels que cinéma, théâtre, musée, maisons de jeunes, campings familiaux, espaces verts, etc.
Le tout sous la bienveillance d’une cellule de suivi de spécialistes dans les questions d’aménagements urbains. La sociologie urbaine de la commune d’Aïn El Türck exige une étude des formes de la ville avec son habitat, ses monuments, ses décors, et en général tous ses aménagements.
Il va de soi, que pour aboutir à un résultat probant dans les années à venir, il va falloir une forte implication de l’administration locale de la commune et une certaine persévérance des élus locaux qui auront à charge de gérer cet ambitieux dossier.
Karim Bennacef