Peu d’engouement pour la préparation des gâteaux à la maison est désormais relevé dans les foyers pour diverses raisons.
En effet, les gâteaux traditionnels, douceurs rituelles préparées avec amour à la maison par nos grands-mères, selon les us et les coutumes, à la veille de la fête célébrant la fin du mois sacré ne semblent à priori plus en vogue malheureusement aujourd’hui.
La tendance se penche plutôt vers l’achat de gâteaux chez les pâtisseries et autres établissements reconvertis pour cette circonstance. A Oran, ces commerces, qui ont spontanément foisonné comme des champignons, ont commencé d’ores et déjà à être sollicités par les responsables de familles. Cet engouement trouve son argument à travers le fait que nombre de mères de famille ne sont pas en mesure de préparer les gâteaux, car tributaires des engagements vis-à-vis de leurs employeurs ou tout simplement elles ne réussissent pas parfaitement les recettes de nos grands-mères. Rituel incontournable, synonyme de célébration de l’Aïd, les gâteaux traditionnels préparés dans les foyers, semblent vraisemblablement avoir disparu au fil du temps chez beaucoup de familles et ce, pour céder leurs places aux pâtisseries occidentales et orientales.
En effet, la pâtisserie traditionnelle, en forme de losange, préparée à base de semoule et enrobée de dattes ou d’arachides, communément appelée « makroud » ou encore le cigare préparé presque avec les mêmes ingrédients entre autres sucreries, prisées sur les tables garnies du matin de l’Aïd, ont été malheureusement détrônés, par les éclairs au chocolat et les tartelettes à la crème chantilly pour ne citer que ceux là.
« Nous avons hélas perdu nos repères. Dans le temps, nos narines étaient agréablement taquinées par les relents de gâteaux que préparaient nos mères la veille de l’Aïd. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, car beaucoup de familles préfèrent en acheter chez le pâtissier du coin pour diverses raisons » a soupiré avec amertume une sexagénaire du centre-ville, qui effectuait ses achats en ingrédients, nécessaires à la préparation des gâteaux.
« Dieu merci, je prépare moi-même mes gâteaux et ma famille les apprécie beaucoup. J’en prépare beaucoup pour que mes petits-enfants puissent avoir leur part. J’aimerai bien que notre relève soit respectée sur ce volet essentiel de nos coutumes » a-t-elle encore fait remarquer.
La gérante d’une pâtisserie, spécialisée notamment dans les gâteaux traditionnels, installée dans une ruelle de la grande cité Akid Lotfi a confié en substance « Notre clientèle a commencé à se manifester. Il y aussi ceux qui s’informent avant de passer leurs commandes ».
Toujours est-il que le « makroud », gâteau traditionnel le plus prisé par les familles oranaises, est proposé à partir de 700 dinars le kilo tandis que « les sablés » et autres pâtisseries orientales raffinées, sont, pour leurs parts, cédées à partir de 500 dinars pour le même poids. Cependant les prix varient quelque peu et ce, par rapport aux quartiers où sont installées ces pâtisseries.
En effet, de légères hausses ou des baisses de prix sont ainsi relevées, en fonction des endroits où sont installés ces établissements commerciaux.
« Mon travail d’un côté, les enfants et mes obligations dans mon domicile d’un autre, je n’ai presque plus de temps pour moi et encore moins pour préparer les gâteaux », a regretté une jeune mère de famille avec une humeur bilieuse, habituée chez une pâtisserie orientale de la ville. Selon les témoignages glanés, la préparation des gâteaux de l’Aïd, ne semble plus susciter l’engouement des familles comme c’était le cas dans un passé encore vivace. Cet état de fait a donné naissance à une multitude de pâtisseries, qui s’est installée dans tous les quartiers d’Oran. Une aubaine qui se présente chaque année pour les gérants de ces établissements.
Rachid Boutlélis