Une guerre déjà tombée dans l’oubli?
Cela fait déjà trois mois que les hostilités ont éclaté au Soudan. Depuis avril dernier, l’armée régulière menée par le général al-Burhane et les forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Hamdane Daglo se livrent une guerre sans merci pour asseoir leur pouvoir. Cette scission entre les militaires a plongé le pays dans un chaos presque total où les affrontements font rage.
Les civils sont les premières victimes de cette folie des généraux. Dès milliers de Soudanais ont été obligés de s’exiler dans les pays voisins notamment au Tchad où les conditions de vie dans les camps de réfugiés sont des plus difficiles et à la limite du soutenable. Même l’ONU et ses organisations n’arrivent plus à faire face à cette situation qui annonce une grande catastrophe humanitaire.
Le plus terrible pour les Soudanais c’est de se voir déjà oubliés par la fameuse communauté internationale très affairée qu’elle est par le seul conflit qui l’intéresse et qui retient toute son attention, à savoir le conflit ukrainien.
Pendant ce temps au Soudan on continue de mourir, avec au minimum 3000 morts selon les sources officielles depuis le début du conflit. Samedi dernier, un raid attribué à l’armée de l’air à fait une dizaine de morts. A Khartoum au Darfour et ailleurs dans ce pays meurtri, la population civile vit dans les conditions les plus précaires sans eau, ni électricité ni produits alimentaires, et surtout avec la crainte permanente de voir la mort les frapper à tout instant.
Et le plus grand drame qui guette les Soudanais c’est de voir cette guerre tomber dans l’oubli et ne devenir qu’une série de communiqués de morts et de blessés.
Déjà et après trois mois, cette guerre ne fait plus la Une des grands médias. Elle est même pratiquement absente et chez les politiques et chez les journalistes, autrement dit on est en face d’un blocus de facto et d’une guerre qui se déroule à huis clos et fait craindre les pires exactions et atrocités.
Le général Mohamed Hamdane Daglo chef des FSR et le général Abdel Fattah al-Burhane, chef des troupes régulières, se sont juré une guerre sans merci, se menaçant l’un l’autre d’une exécution publique. Des positions tranchées qui indiquent que cette guerre fratricide est bien loin d’être finie et que le plus atroce est encore à venir. Cela alors que tout le monde est pourtant convaincu qu’ «Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit».
Par Abdelmadjid Blidi