Une plage inondée par les eaux usées
La plage des Corales, une station balnéaire de la commune de Bousfer, est depuis la semaine dernière infestée par l’écoulement des eaux usées vers la mer. De véritables ruisseaux à ciel ouvert traversent le sable, alimentés par le débordement des bouches d’égout et la dégradation du réseau d’évacuation des eaux usées de toute la zone d’habitat située en amont de la station balnéaire. Une rapide visite à la plage permet d’admirer le décor nauséabond et hideux de ces flaques d’eaux usées empêchant ici et là l’accès au bord de mer, sous le regard triste et choqué de quelques estivants désemparés. Selon des témoins, les écoulements d’eaux usées se sont produits avec une certaine rapidité, laissant supposer qu’une ou plusieurs canalisations auraient peut-être éclatées. Certains jeunes riverains, habitués de la plage, ont disposé des palettes et de vieilles planches de bois pour traverser la plage et aller se baigner, malgré l’eau de mer trouble et polluée. Et selon un confrère de la presse locale, les autorités municipales n’ont rien entrepris pour interdire la baignade et l’accès à la plage qui connaît encore un afflux d’estivants ignorant l’état des lieux. On sait pourtant que le wali d’Oran avait donné des instructions fermes aux gestionnaires concernés pour interdire la baignade sur les plages où se déversent les eaux usées. Les habitants de la localité, notamment parmi les plus âgés, se souviennent d’une visite en 2005 du wali en poste venu à l’époque inauguré un grand projet de réfection et d’aménagement du réseau d’assainissement devant permettre, disait-il «d’éradiquer définitivement la prolifération des fosses septiques et l’écoulement des eaux usées vers la plage». C’était il y a déjà près de vingt ans. Il est à la fois choquant et intrigant de constater que ces anciennes opérations de rénovation urbaines qui ont coûté tant d’argent ne servent plus à rien aujourd’hui, oubliées et enterrées avec le temps. Dans quelles conditions de sérieux et de professionnalisme a été lancé ce fameux grand projet de rénovation des réseaux d’assainissement dans les communes côtières de la daïra d’Ain El Turk? Cette question, souvent posée par des observateurs locaux, ne peut que nourrir le doute et le scepticisme ambiant sur les capacités du système de gestion locale à prendre en charge efficacement les besoins et les attentes des habitants. Jusqu’à quand?
Par S.Benali