Une régression aux risques mortels
Le programme d’alimentation en eau potable adopté par la Société de l’eau et de l’Assainissement d’Oran (SEOR) indique que plus de la moitié des foyers oranais reçoivent l’eau dans les robinets un jour sur deux. Selon le Directeur Général de la SEOR, cité par la presse locale, ce programme de restriction vise à rationaliser la consommation de l’eau «pour tenir au moins jusqu’au mois de septembre prochain» en espérant que les pluies seront là pour bien remplir les barrages.
Le responsable de la société de distribution de l’eau à Oran a également indiqué que « le programme de rationnement a été élaboré en fonction de la disponibilité de la ressource, et touche l’ensemble des quartiers et des communes de la wilaya, tout en tenant compte des spécificités techniques de chaque zone ». Et le même responsable précise que « Si une certaine irrégularité est constatée dans l’alimentation en eau potable dans certaines zones, cela peut s’expliquer par des facteurs techniques qui n’ont rien à avoir avec le programme d’alimentation établi». Comprenne qui pourra.
Expliquant certaines perturbations dans le programme d’alimentation par la vétusté du réseau dans les vieux quartiers, le directeur de la SEOR reconnaît implicitement les échecs et la défaillance des pouvoirs publics en charge de la gestion de ce dossier depuis plus de quarante ans. On se souvient, il y a plus de vingt ans, à l’époque de la prise en charge de la distribution de l’eau par une firme française, qu’un vaste projet de rénovation des vieilles canalisations avait été annoncé et soi-disant lancé en grande pompe. Il serait intéressant aujourd’hui d’en connaître les contours et les bilans. Le directeur de la SEOR a indiqué qu’une opération spéciale « points noirs » a été inscrite par la Direction des Ressources en Eau pour un montant de 100 millions de dinars «et sera lancée incessamment».
A défaut de stratégie et de projection à long terme, Oran est connue pour la gestion de ses affaires locales à coup de campagne d’éradication des «points noirs». Et à défaut d’avoir misé depuis longtemps sur la réalisation de barrages et de grandes retenues d’eau superficielles, on est aujourd’hui contraint de faire appel aux usines de dessalement, avec tous les aléas techniques et de maintenance que l’on connaît.
Sans vouloir aucunement remettre en cause ou dévaloriser le rôle et la noble mission des cadres de l’Entreprise SEOR, on doit bien admettre aujourd’hui que l’on continue de payer le prix des médiocres politiques adoptées par le vieux système dans tous les domaines du développement local et du progrès social… Loin d’être féconde, la régression risque d’être mortelle.
Par S.Benali