Urbanisme : «Insuffisances et incohérences des études d’adaptation»
Il est vrai que l’on peut se demander pourquoi certains projets à caractère public comme les édifices étatiques ou les pôles de logements dotés, en principe, d’équipements d’accompagnement ne font jamais l’objet de concours ouverts aux concepteurs en architecture et en urbanisme. Les études et le suivi des travaux de réalisation de ce genre de projets ne sont généralement confiés qu’a des bureaux ou des sociétés d’études qui ne procèdent en réalité qu’à des «études d’adaptation» d’un ancien projet déjà réalisé ailleurs, et plus ou moins « ajusté » au nouveau site concerné.
Un gain de temps et d’argent diront les maîtres d’ouvrage concernés, notamment en matière de logements et de nouveaux pôles d’habitat devant être livrés dans les plus brefs délais. Mais depuis quelques jours, de nouvelles orientations du ministère de l’habitat insistent sur la nécessité de promouvoir la culture, les spécificités et les caractéristiques du patrimoine propres aux régions et aux zones concernées. Ce qui nécessite un recours au lancement de concours d’architecture pour la réalisation de certains types de projets et de ne plus privilégier les « études d’adaptation » qui ne reposent, selon certains experts avisés que sur le «copier-coller».
Quelques professionnels à Oran dénoncent depuis toujours ce recours aux «études dites d’adaptation» des projets retenus notamment par les OPGI et les promoteurs publics et privés. Ce qui favorise parfois des inepties et des errances indignes du style et de la nature de l’urbanisme d’une ville comme Oran que l’on veut installer au rang de métropole belle et moderne. Evoquant l’état des lieux de la profession à Oran, un ancien architecte enseignant souligne que les nouveaux diplômés en architecture, après leur deux années de service civil dans un organisme public ou privé, ont beaucoup de mal à trouver un emploi à la hauteur de leur compétence et se contentent éventuellement d’exercer en tant que technicien dessinateur-projeteur au sein d’un bureau d’études déjà bien installé depuis longtemps.
«Le marché est non seulement saturé, mais il est pris en charge par des bureaux intégrés aux structures internes de la plupart des grandes entreprises». «Il existe, nous dit-il, des promoteurs privés qui ne font appel à un architecte que pour avoir son «cachet de validation» sur les plans d’une étude déjà réalisée pour un autre projet similaire…». Un promoteur, qui se permet des erreurs insensées en matière de connexion de son immeuble au réseau d’évacuation d’eau usée, est évidemment capable d’user de tous les artifices pour réduire ses dépenses, notamment le coût des études de conception et de suivi des réalisations par un professionnel diplômé ! Ainsi va Oran.
Par S.Benali