Oran

Véritables joyaux architecturaux : l’abêtissement provoque la déperdition des kiosques à musique

L’indigence des esprits résume en toute vraisemblance les raisons qui ont poussé à abandonner à leur piètre sort, les kiosques à musique d’Oran, véritables joyaux architecturaux, dont la construction remonte au XIXème siècle.

Ces petits pavillons couverts, à l’air libre, en forme octogonale généralement, ont été érigés notamment au milieu des placettes de la ville et ont autrefois abrité des orchestres, qui jouaient des morceaux de musique à l’intention des riverains demeurant dans leurs alentours et des badauds. L’abêtissement dans toute sa sordidité a décidé de raser, d’abandonner et de détourner de leur vocation initiale ces prestigieux kiosques où le fétide s’est installé en maîtres des lieux. L’incivilité n’a pas eu à faire de grands efforts pour apposer sa rebutante empreinte indélébile.

Il convient de signaler qu’à l’époque, la construction de ces petits pavillons, a été motivée par un projet d’urbanisme. Lieu de convivialité avec ses propres rituels, l’utilisation festive du kiosque à musique contribuait à l’embellie du mobilier d’Oran et ce, au même titre que les jardins ou les squares, les candélabres, les fontaines, les bancs et les kiosques à journaux et tabacs, qui y existaient dans un passé encore vivace.

Selon la pénible réalité du terrain qu’a eu à constater Ouest Tribune, le kiosque à musique, trônant lugubrement au milieu de la place de St Eugène, fait office le jour pour les jeux aux mordus des dominos et des cartes et le soir en lieu de rencontres et de beuveries pour les marginaux, dans une ambiance empestant l’urine, l’alcool et l’odeur rance de la saleté. « Cela fait vraiment mal au cœur de constater la déperdition, qui va crescendo, des ces prestigieux pavillons. Ils sont rares ceux qui connaissent l’histoire de leur véritable vocation, un lieu convivial où les familles venaient pour se distraire le temps d’une soirée. Hélas cela fait partie d’autres temps et d’autres mœurs, les mentalités ont depuis changé dans le mauvais sens » ont déploré avec une humeur bilieuse d’anciens riverains du quartier Montplaisant, situé en contrebas de la place de St Eugène, abordés à ce sujet par Ouest Tribune.

Un son similaire s’est fait entendre chez des habitants du quartier Sidi El Houari, à propos du kiosque à musique de la place de la République, qui a été dénaturé par le dénué de culture. D’autres à l’exemple de celui de la place Thuveny, face à l’ancien palais de justice, a été transformé en une cafétéria fréquentée le soir par des individus au louche acabit, qui trouvent un malin plaisir à converser à voix haute, à travers des propos vulgaires et dénués de sens, stupidement ponctués par des « aye ! aye ! ». Ce piètre résume clairement à lui seul la descente aux enfers des ces illustres kiosques à musique d’Oran.

Rachid Boutlélis

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