Le travail de l’autorité aura été important puisque des tentatives de faire intervenir de l’argent sale ont été constatées dans 43 dossiers de candidats qui ont été purement et simplement écartés.
Prévues pour après demain samedi, les élections sénatoriales mobilisent depuis plusieurs semaines le collège électoral des élus locaux du pays. Beaucoup de partis politiques ont présenté des candidats dans l’espoir de décrocher des sièges dans la chambre haute du parlement, le Conseil de la nation. Compte tenu de la cartographie partisane au sein des Assemblées locales du pays, le scrutin sera serré dans pas mal de wilayas, et bien malin celui qui pourra prévoir l’issue de ses élections. Même si le FLN et le RND ont plus de chances que d’autres d’être bien représentés, il reste que des partis et des alliances conclus peuvent déjouer certains pronostics. Cette perspective est d’autant plus réaliste que le nombre de prétendants est assez important. En effet, le nombre de candidats s’élève à 475. Ces candidats représentent 22 partis politiques et listes indépendantes. Ces statistiques, présentées hier par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, donnent un aperçu sur l’engouement que suscitent ces élections auprès de la classe politique nationale. Un autre chiffre qui retient l’attention est en rapport avec l’âge des candidats. En effet, 90% de ces candidats sont âgés de moins de 60 ans, a révélé M. Charfi, dont l’instance qu’il préside a recensé le retrait de 603 formulaires de candidature à ces échéances. 503 dossiers de candidature ont été déposés, dont 325 dossiers de candidats de formations politiques et 172 dossiers de listes indépendantes. L’ANIE a relevé dans son document que le plus grand nombre de candidats a été enregistré dans les wilayas crées au titre du nouveau découpage territorial, à l’exception de Boumerdes (20 candidats) et de Tindouf (19 candidats). Ainsi, on a retenu 19 candidats sont en lice à Béni Abbès, 15 à Djanet, 12 à El Meniaa, 10 à Timimoun et 8 à Touggourt. Quant à Alger, Tamanrasset, Jijel et Ouargla, 4 candidats entreront en lice, a indiqué le président de l’ANIE.
Le travail de l’autorité aura été important puisque des tentatives de faire intervenir de l’argent sale ont été constatées dans 43 dossiers de candidats qui ont été purement et simplement été écartés. M. Charfi a précisé que 43 candidatures ont été rejetées «en raison de l’absence dans le dossier d’une lettre de recommandation concernant un cas, et de liens avec l’argent douteux pour le reste des candidats». Suite au recours devant les juridictions administratives qui «ont révoqué 3 décisions de refus», puis un appel devant le Conseil d’Etat qui a également annulé 10 décisions, 30 dossiers ont été définitivement rejetés.
S’agissant du remplacement des candidatures rejetées, le président de l’ANIE a indiqué que cette option «n’est pas prévue par la loi électorale, ce qui oblige nécessairement les partis à choisir des candidats qui remplissent toutes les conditions légales. M. Charfi a dit «Je suis obligé devant la loi de garantir la transparence, la crédibilité et la légitimité des élections», soulignant que «ce dont parlent certains partis politiques, c’est une contestation de la loi et non pas de l’autorité».
Il a rappelé que ces partis ont des représentants dans ce parlement et peuvent, par conséquent, formuler des propositions et des amendements pour changer les textes qu’ils considèrent incomplets et ambigus. A une question sur la manière de démasquer les candidats qui ont des liens avec l’argent douteux et confirmer ce soupçon, M. Charfi a précisé qu’il y a pour ce faire «une approche juridique et sociale». Vu le poids des candidats du Conseil de la nation et leur rôle dans l’adoption des lois relatives à l’élaboration des futures lois du pays, il est procédé à des enquêtes «plus approfondies», a-t-il fait savoir. Il y a des dépassements qui sont enregistrés après l’annonce de la victoire des candidats, a-t-il dit, indiquant que «l’autorité a déjà retiré des candidats après leur victoire lors des dernières élections locales». A bien suivre les propos de M. Charfi on est amené à penser que ces élections se dérouleront sans intervention de l’argent sale et permettront de renouveler une moitié des membres du Conseil de la nation, poursuivant ainsi le processus de renouvellement des institutions élues de la République.
Yahia Bourit