À quelques jours de l’Aïd El-Adha, qui sera célébré, le 9 juillet prochain, les prix des moutons atteignent des sommets jamais égalés.
Un faisant une tournée des différentes localités connues pour l’élevage ovin dans la wilaya d’Oran, à l’image de Boutlelis, El Hamoul ou encore Tafraoui, les prix oscillent entre 70 000 et 100 000 dinars en moyenne par mouton, soit une hausse de 40% par rapport aux prix pratiqués l’an dernier. Du jamais vu depuis des décennies. Ces prix exorbitants contraignent de nombreuses familles à ne pas pouvoir acheter un mouton pour accomplir le rituel de l’Aïd.
«Les prix ont augmenté à cause de la perte de la valeur du dinar», tient d’emblée à préciser M. Bensaadalah, un ingénieur en productions animales et propriétaire d’une exploitation d’élevage ovin implanté à Boutlelis. Après avoir décroché un diplôme à Alger, cet ingénieur agronome a préféré se lancer dans une exploitation familiale d’élevage d’ovins de race Ouled Djellal, Rembi et Hamra. Depuis son installation, cet éleveur qui a misé sur les nouvelles techniques d’élevage, a dû faire face à de nombreuses contraintes: rétrécissement des surfaces cultivées en fourrages à cause de la sécheresse, flambée des prix de l’aliment de bétail…. Ces aléas ont entraîné une diminution des ressources fourragères des parcours. Comment les familles rurales parviennent alors à maintenir l’élevage ovin dans un tel contexte ? «La filière ovine compte différents types de systèmes d’élevage à Oran. Le premier type est basé sur l’élevage sédentaire de brebis et la production d’agneaux. Le deuxième système comprend des éleveurs transhumants qui utilisent la mobilité de longue distance pour accéder aux parcours à végétation sauvage. D’autres éleveurs utilisent des pâturages, ainsi que d’autres ressources provenant des terres cultivées et ont une plus grande capacité d’adaptation pour faire face aux changements», indique un cadre d’une subdivision des services agricoles de la wilaya d’Oran.
«Un autre système dit «commerçant-engraisseur» se développe fortement, basé sur l’engraissement d’agneaux maigres achetés, sans élevage de brebis. Cette activité est rentable à court terme, mais elle est vulnérable aux fluctuations des prix des compléments alimentaires», poursuit ce fonctionnaire des services agricoles. De son côté, M. Bensaadalah, témoigne que «de nombreux éleveurs songent à diminuer leur nombre de brebis voire à renoncer à l’élevage ovin, du fait des difficultés auxquelles ils sont confrontés». «Mes charges de pâture ne cessent d’augmenter.
Les prix des aliments concentrés (orge et son de blé), ont aussi subi une flambée historique à cause du contexte actuel. Mes charges dont celles liées aux traitements antiparasitaires pour produire un agneau ont fortement augmenté. Les aliments concentrés représentent 70 % de nos charges», confie M. Bensaadalah. «Du fait de la productivité minimale, je distribue tout de même 50 kg de concentré aux brebis pour produire 1 agneau. Les négociants-engraisseurs distribuent quant à eux, 90 kg d’orge et 22 kg de complément alimentaire pour engraisser un agneau en 75 jours. Les concentrés représentent ainsi 70 % des charges, contre 40 % pour l’achat de l’agneau.
La durée d’engraissement est plus longue chez les agriculteurs-éleveurs qui consomment plus de quintal d’orge par agneau. Le total des charges est ainsi élevé. Avec l’engraissement des agneaux, les charges totales sont élevées, ce qui explique le prix de vente des moutons qui est bien sûr de plus en plus élevé», détaille M. Bensaadalah. Pour ce dernier, «la rentabilité n’est pas toujours facile à atteindre dans les élevages ovins».
Malgré une productivité bien moindre, les éleveurs transhumants obtiennent un coût intermédiaire, grâce à leur système d’élevage extensif, reposant encore largement sur les parcours naturels. «Ma marge brute est de plus en plus faible. Ces coûts sont plus élevés en raison des achats de fourrages et de concentrés.
Pour y remédier, j’espère trouver du foncier de pâturage ou alors nous devrons adapter notre cheptel. D’autres stratégies peuvent être envisagées, telles que l’extensification, l’entretien de surfaces difficiles, l’abaissement à un agnelage par an ou la vente en direct du cheptel», indique cet éleveur.
Imad.T