Un regrettable retour à « la normale »
Oran, estiment bon nombre de commentateurs, «veut se tourner vers l’avenir et la modernité car elle a tous les atouts pour briller». Il est vrai que durant ces trois dernières décennies, la ville a bénéficié de grands projets d’infrastructures et d’équipement qui ont permis de rattraper le retard et de combler quelques déficits dans presque tous les secteurs de la vie collective, de la santé à l’enseignement en passant par l’hôtellerie, le sport et la culture. Des ceintures routières périphériques, des ponts et des trémies, un tramway, une nouvelle aérogare internationale moderne, une extension du port commercial, un grand complexe olympique, un centre international pour les rencontres et les expositions, de nouveaux pôles d’habitat en pleine croissance, des hôtels de haut standing et des tours d’affaires, et bien d’autres réalisations et aménagements urbains ont été réceptionnés et inscrits au registre des aspirations au progrès et à la modernité. Et avec l’organisation des jeux méditerranéens, Oran a réussi à offrir aux visiteurs l’image éclatante d’une cité méritant le rang et le statut de grande métropole méditerranéenne. Mais ceux qui regardent la ville dans ses entrailles et observent de plus près le mode de gestion et de maintenance de leur cité sont loin de partager l’optimisme et les éloges courtois des visiteurs de passage. Tout en saluant les efforts engagés et les résultats constatés en matière d’aménagement et d’embellissement des façades urbaines à l’occasion des jeux méditerranéens, la plupart des observateurs avisés signalent avec amertume le retour de certaines images propres à la régression et à la clochardisation urbaine tant de fois dénoncées. Les ordures ménagères non ramassées, les sachets et bouteilles en plastique qui inondent l’espace public, les marchands illicites squattent les trottoirs dans plusieurs quartiers, et bien d’autres inepties urbaines sont de nouveau dénoncées. « Après les jeux, la vie à Oran reprend son cours normal » , se lamente un vieux retraité du quartier Hlm/Usto qui observe le retour d’une baraque de vente de fruits et légumes sur le trottoir qui a été pourtant «enlevée» juste avant l’ouverture des J.M. «Pourquoi, se demandent les mauvaises langues locales, ces mesures de traitement radical du cadre urbain semblent aujourd’hui abandonnées et oubliées ?». Sans parler de ces grands dossiers de gestion urbaine, tels ceux du relogement, des bidonvilles, du vieux bâti, de l’hygiène et l’environnement, du transport, et de bien d’autres secteurs pris dans l’engrenage des improvisations et des actions de replâtrage propres à la vieille démagogie des années de plomb. Jusqu’à quand ?
Par S.Benali