Retards et improvisations récurrentes
Le wali d’Oran a indiqué la semaine dernière que «le téléphérique d’Oran sera livré à la fin du mois d’octobre». Depuis juin de l’année en cours, cette date de livraison n’a pas cessé d’être reportée de mois en mois alors que cet équipement, dégradé et à l’arrêt depuis des années, devait être mis en service, disait-on, à l’occasion des fameux Jeux méditerranéens d’Oran. Le téléphérique, pratiquement entièrement reconstruit à neuf, est actuellement en phase d’ essais techniques nécessaires avant sa mise en exploitation.
Le wali a par ailleurs souligné la nécessité d’éliminer «les plaques des taules dressées au bas de la trajectoire de ce moyen de transport par câbles».
Faisant évidemment allusion aux bidonvilles érigés à Ras El Aïn et qui donnent une image hideuse aux visiteurs et éventuels touristes empruntant le téléphérique. On sait, depuis longtemps, que des opérations de relogement puis de démolition des bidonvilles de Raz el Ain et des Planteurs ont été annoncées et programmées par les pouvoirs publics, sans avoir été concrétisées pour différentes contraintes de gestion de cet épineux dossier.
Il y a une semaine on apprenait que l’étude des nombreux recours des familles exclues du relogement du site de Ras El Aïn a été achevée, et que les listes définitives des bénéficiaires ont été ficelées en vue d’une grande opération de relogement prévue le 1er novembre prochain.
On peut donc supposer que dans un mois ou deux, le téléphérique reliant le centre-ville au Plateau de Murdjadjo ne survole que des terrains nus, débarrassés des baraques hideuses de bidonvilles, en attendant pourquoi pas un aménagement et un embellissement avec des plantations.
« Il n’est pas interdit de rêver», disent encore une fois les mauvaises langues locales trop habitués, il est vrai, aux retards et aux improvisations récurrentes dans la programmation et la gestion de ces grands dossiers. Le grand projet de restructuration et d’amélioration urbaine des célèbres quartiers de bidonvilles de la zone des Planteurs date on le sait de plus d’une trentaine d’années.
Évoqué à l’époque du Président Chadli qui dénonçait lui aussi la prolifération des bidonvilles sous le trajet du téléphérique nouvellement mis en service, le projet de restructuration du quartier après démolition des baraques n’a jamais pu être lancé en raison de l’implantation irréductible de l’habitat sauvage servant d’habitation à des milliers, voire des centaines de milliers de citoyens venant de tous le coins du pays pour trouver un nouvel horizon dans la métropole de l’Ouest.
Difficile de croire que la remise en service du téléphérique sera un atout majeur pour la promotion et la valorisation de l’image de la ville dans toutes ses facettes. Tant il est vrai que la régression urbaine et le recul des valeurs citoyennes causent encore trop de dégâts aux efforts et aux initiatives de changement vers le progrès et la modernité.
Par S.Benali