Il devient désormais difficile chez le consommateur de s’en défaire de la panique de la pénurie sur les produits de large consommation. Conditionné qu’il est, ce même consommateur, par les invétérés spéculateurs, il ne se soucie d’aucune règle pour se procurer le produit recherché, comme cela a été le cas, ce dimanche, pour l’huile de table, objet d’une cohue générale.
Il est vrai aussi qu’au prix de 650 Da le bidon, ce produit de base que s’arrachent surtout et en grosse quantité, les confectionneurs de gâteaux traditionnels durant le mois de ramadhan, serait difficilement trouvable au même prix dans les jours qui viennent quand son prix n’aura pas doublé ou triplé et vendu sous la table.
Ce qui est sûr, c’est que les spéculateurs, tels des charognards, ne vont pas baisser les bras et laisser filer une occasion bien « huilée », pour faire de gros profits.
De toute façon, l’huile de table ne sera pas le seul produit à être l’objet de spéculation, comme cela est de coutume lors du mois sacré, puisque déjà la couleur est annoncée sur d’autres produits que consomment largement les jeûneurs durant le mois sacré.
Hier, l’image qu’offrait la cohue autour du camion qui déchargeait les bidons d’huile au profit d’une supérette de la ville, n’est que l’avant-gout d’une série d’autres scènes toutes aussi offensantes et hilarantes que rencontrera le citoyen avant et pendant le mois béni.
Nombre de produits de consommation ont été sournoisement augmentés, en silence, sans en avertir ni informer le citoyen, et sans qu’aucune institution de contrôle des prix ne s’en inquiète.
La couleuvre est passée, le consommateur en ressent l’effet à la caisse, même dans les supérettes où il est censé y trouver des prix abordables ou cassés, mais là aussi, l’art de la publicité mensongère et de l’arnaque commerciale, y fait légion.
L’huile de table a donné le coup de départ à ce qui pourrait être une cascade de cohues à venir, mais il ne faut pas oublier que les plus malicieux parmi les citoyens, ont anticipé sur les événements, en prenant de l’avance pour s’adonner aux grosses emplettes, se procurant sacs entiers de farine, semoule, sucre, et toute la panoplie d’ingrédients et de produits pour se mettre à l’abri durant un bon mois, voire même après.
En fait, comme ironisera un citoyen, les spéculateurs n’existeraient pas sans l’avidité des consommateurs.
Maintenant, seule l’application implacable de la loi, comme cela a été le cas ces derniers temps, va tempérer les ardeurs des uns et des autres et arriver à habituer le consommateur à se départir de cette psychose de la rareté.
Karim Bennacef