Classement de sites et de monuments… et des interrogations
Selon la presse locale, la Direction de la culture de la wilaya d’Oran a organisé récemment des ateliers pour «le classement des monuments historiques et des forts d’Oran». Mais cette information, commentée sur les réseaux sociaux, ne concerne surtout que les vieilles constructions militaires datant de la période d’occupation espagnole. Oran est en effet connue pour le grand nombre de fortifications, de forts, de galeries souterraines, de fortins et de bastions plus ou moins connus de la population. La nouvelle opération annoncée «de classement des monuments historiques», avec comme premier projet le recensement des fortifications militaires d’Oran a suscité quelques polémiques et interrogations sur l’efficacité et la crédibilité de la politique locale de préservation des sites et monuments historiques, dont la plupart sont d’ailleurs répertoriés et classés par la commission nationale concernée. On sait malheureusement que malgré ce statut de préservation, bon nombre de monuments comme la mosquée du Pacha ou le Palais du Bey restent toujours en attente d’opérations de restauration et de réhabilitation permettant de les réintégrer dans les activités sociales et culturelles de la ville. S’agissant des anciennes fortifications militaires espagnoles, on sait qu’en 2018, sous la pression et les revendications de quelques sphères associatives, la commission nationale de classement des monuments historiques a émis un avis favorable pour le classement de 5 forts, celui de Santa Cruz sur les hauteurs du mont de Murdjadjo, l’ancien château de Rosalcazar connu aujourd’hui sous le nom de Châteauneuf, le fort San Pedro, le fort Santiago et le fort Saint Grégoire. Pourquoi pas, estiment une majorité de citoyens oranais qui espèrent surtout que ces anciennes fortifications datant de la période d’occupation espagnole (1509-1792) soient restaurées et réaménagées afin d’être intégrées dans les outils de développement du tourisme et de l’animation artistique et culturelle. Mais pour les mauvaises langues locales, ce n’est là qu’une « utopie inutile répondant à d’autres motivations». Comment croire qu’une vieille forteresse espagnole abandonnée depuis des lustres puisse un jour servir à une quelconque forme d’animation sociale, artistique ou culturelle, alors que de grands édifices et monuments du patrimoine architectural de la Cité, sont en état d’abandon et de délabrement avancé. Même le siège de la belle mairie d’Oran n’a pas échappé à la fatalité de la détérioration du vieux bâti et de la régression urbaine avancée. On peut évidemment songer à consolider, à protéger et à valoriser de vieilles fortifications, mais il serait plus urgent de restaurer les beaux édifices du patrimoine architectural abandonnés qui se dégradent au fil du temps, dans l’indifférence de ceux qui se déclarent souvent enfants de la ville, par naissance ou par adoption… Mais c’est là un autre débat.
Par S.Benali