Un risque majeur
Les conditions de détention du président nigérien, Mohamed Bazoum, inquiètent. C’est du moins ce qui a été exprimé par l’Union Africaine, l’ONU et l’Union européenne. Et au-delà de la situation personnelle du président renversé, c’est toute la situation au Niger et dans la région qui inquiète.
Car au moment où la junte militaire consolide ses positions à l’intérieur du pays en mettant la main sur la quasi-totalité des leviers du pouvoir. En face, la Cedeao, si elle laisse la porte ouverte au dialogue, n’a pas pour autant, abandonné l’option militaire. Tout dans les décisions de cette organisation des pays de l’Afrique de l’Ouest n’est pas clair, ce qui renseigne sur des divergences non déclarées entre ses membres et les hésitations sur l’opportunité de recourir à la force demandée par certains d’entre ses membres. Pour l’instant on souffle le chaud et le froid et la crainte de voir toute la région s’embrasser est sérieusement mise sur la table.
Car une opération contre le Niger, appellera une réaction immédiate de pays tels le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. Un cocktail explosif qui ne fera que compliquer davantage la situation et engendrera une guerre à grande échelle dont la région en fera bien l’économie par les temps qui courent.
Pour plus de pédagogie, il faut rappeler qu’ au départ la Cedeao comptait 15 pays, desquels ont été évincés le Mali,la Guinée, le Burkina Faso et dernièrement le Niger à la suite des coups d’État qu’ont connus ces pays. En face huit pays qui sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo ont participé à la dernière réunion de l’organisation.
Donc on risque de voir, si l’option militaire est privilégiée, une guerre totale entre les armées de ces 12 pays, ce qui n’augure rien de bon et fera installer un climat de déstabilisation général qui ne peut s’estomper en un temps court. Une aventure dangereuse qui ne réglera en rien la situation, mais fera compliquer les choses comme jamais l’Afrique n’en a connu par le passé.
Une guerre conjuguée à la menace terroriste bien réelle dans la région, à un mouvement migratoire des populations ininterrompu et une crise économique aiguë, signifiera l’explosion totale de toute cette partie du continent. Et pourtant comme le préconise l’Algérie, il existe encore un grand espace pour la solution politique qui fera éviter à des millions de personnes un avenir des plus sombres qui les guette en cas du choix malheureux et inconsidéré de l’option militaire.
Par Abdelmadjid Blidi