EDITO

Une vraie poudrière

Le Soudan brûle-t-il? Les derniers développements font craindre le pire et annoncent une autre longue nuit noire pour ce pays en proie à une instabilité chronique depuis plusieurs années déjà. Les puissances régionales et internationales ont réagi aux derniers affrontements. L’Algérie qui assure la présidence du Conseil de la Ligue arabe au niveau du sommet, a appelé toutes les parties soudanaises à cesser les combats et à faire prévaloir le dialogue afin de surmonter les différends aussi complexes soient-ils et d’œuvrer à privilégier l’intérêt suprême de la patrie, a indiqué samedi, un communiqué de la présidence de la République. «L’Algérie, en sa qualité d’actuel président du Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau du Sommet, suit avec une grande inquiétude les développements de la situation dans la République du Soudan, pays frère, suite aux affrontements graves avec des armes lourdes survenus dans la capitale, Khartoum, entre les forces de l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR), et aux pertes humaines et matérielles qui en résultent», lit-on dans le communiqué de la présidence. L’ONU et les grandes capitales mondiales, à l’image de Washington, Moscou, Pékin, le Caire ou Ryadh, ont abondé dans le même sens. Car il faut dire que les choses ont pris des proportions inquiétantes dans ce qui s’apparente à un début de guerre civile, dont les belligérants sont des factions de l’armée soudanaise.
Mais alors qui sont ces forces qui sont entrées en guerre ouverte avec utilisation d’armes lourdes dans des combats violents et meurtriers? D’une part, il y a l’armée soudanaise à sa tête le général Abdel-Fattah al Borhane qui préside le Conseil de souveraineté de transition et de l’autre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdan Daglo, dit Hameti, qui est aussi de facto le numéro 2 du régime au Soudan après la destitution de l’ancien président, l’autre général Omar el-Béchir.
Cette guerre des chefs risque de faire très mal au pays qui n’arrive pas à s’en sortir de la grave crise politique dans laquelle il se débat depuis la chute d’el-Béchir et la main mise des militaires qui tardent toujours à passer le pouvoir aux civils avec tout ce que cela a engendré comme affrontements et morts parmi les contestataires de ce statu quo.
Le Soudan avec cette scission claire et meurtrière au sein de l’armée vient d’entrer dans un sombre tunnel et une période de déstabilisation généralisée qui risque de s’installer pour de longues années si les choses ne sont pas maîtrisées dans les jours ou les proches semaines à venir. L’autre danger qui guette la région c’est de voir les pays limitrophes du Soudan comme le Tchad mais surtout l’Égypte (qui considère le Soudan comme son prolongement naturel et stratégique) être amenés à intervenir dans le conflit ce qui transformerait toute la région en poudrière et menacerait pour longtemps la paix et la stabilité dans toute l’Afrique.
Par Abdelmadjid Blidi

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