Transport et circulation: replâtrages et improvisations
On a appris en début de semaine que le Wali d’Oran a sévèrement, et à juste titre, dénoncé la situation chaotique qui règne dans le secteur du transport à Oran. «Une situation inacceptable compte tenu des dépassements et de l’anarchie qui le caractérise» » a notamment déclaré le premier responsable de la Wilaya. Selon le communiqué de la Wilaya, publié sur le site officiel de l’institution, le Wali d’Oran a accordé un délai de trois mois au nouveau directeur des transports « pour remédier à cette situation en mettant en œuvre des solutions efficaces ». Ce n’est pas la première fois que le wali en poste, comme plusieurs de ses prédécesseurs, expriment leurs remontrances et leur colère face à l’état des lieux déplorable de la gestion du transport et de la circulation dans la deuxième plus grande ville du pays.
A maintes reprises, depuis des années, des directives et des instructions fermes sont données par les décideurs locaux sans pour autant constater une amélioration significative de la situation décriée et dénoncée par une majorité des usagers. Evoquant les remous et les entraves qui ont perturbés récemment le bon fonctionnement de la ligne n°83, assurant la liaison entre le pôle urbain «Ahmed Zabana» et le quartier de Médina Jdida, le wali a exigé des gestionnaires et des opérateurs concernés une stricte et rigoureuse application de la loi et des règlements en vigueur, allant jusqu’à demandé le retrait des agréments aux transporteurs récalcitrant qui refusent d’exercer sur les lignes qui leur sont affectées et de respecter les normes de qualité et de sécurité dans cette prestation de service public. Tout a été déjà dit et écrit, sur les réseaux sociaux et la presse locale pour décrire la situation lamentable du transport et de la mobilité.
Malgré les efforts et les initiatives répétées des pouvoirs publics, bon nombre d’usagers ne cessent d’afficher leur dépit, et souvent leur colère face aux défaillances, aux lacunes et parfois aux dérives constatées dans l’organisation et le fonctionnement du transport et de la mobilité à l’intérieur du tissu urbain et périurbain. Le non respect des arrêts de bus, les changements anarchiques de trajet, les comportements et habillements contraires à toute notion de professionnalisme dans le métier, le manque d’hygiène et d’entretien des bus, la course acharnée entre certains conducteurs pour «ramasser» le plus de clients possibles, le non respect du code de la route, et bien d’autres graves anomalies viennent s’ajouter aux multiples désagréments du trafic routier toujours en attente d’un plan de circulation fiable et efficace. Dernièrement, la mise en service de la nouvelle ligne 83 reliant le pôle urbain Ahmed Zabana au Palais des Sports à M’dina Jdida a été entravée, empêchée, par un mouvement de contestation et de colère organisé par les transporteurs opérant sur d’autres lignes, Z, D, 58, et 34, et qui dénoncent, selon leur propos, «une concurrence déloyale causée par une décision irréfléchie prise unilatéralement par la direction des transports sans la consultation des professionnels». En exigeant, par le biais de leur syndicat, l’Organisation des transporteurs de la wilaya d’Oran (ONTA), l’«annulation pure et simple de l’agrément de cette nouvelle ligne 83», les transporteurs contestataires ont surtout réussi à soulever la colère d’une grande partie des habitants de ce pôle Ahmed Zabana connu pour son enclavement.
Évoquant le fait que cette «affaire» a été exposée au Ministre des transports lui-même par des députés et sénateurs d’Oran, les mauvaises langues locales, sur les réseaux sociaux, n’ont pas manqué d’ironiser et de déplorer le déficit de communication et le manque de maîtrise et de cohérence dans la gestion, l’organisation et le fonctionnement du système de transport urbain à Oran. Un système qui depuis des années s’accommode de replâtrages et d’improvisations vouées aux échecs récurrents.
Par S.Benali