Un peuple débarrassé de sa peur
La jeunesse marocaine ne lâche pas. Elle ne lâche rien et continue à manifester sa colère, exigeant que ses revendications soient entendues. Départ du gouvernement actuel et de son chef, Aziz Akhannouch, réformes dans le secteur de l’éducation et de la santé et un appel croissant à plus de justice sociale, et la fin de la corruption débridée du régime du Makhzen.
Le régime qui a fait le choix de la répression totale a cru un moment que le mouvement finira par s’essouffler. Les procès engagés contre les dizaines de jeunes interpellés et les sévères sentences qui s’en étaient suivies avec des peines atteignant les 20 ans de réclusion contre beaucoup d’entre eux, n’ont pas fait reculer une jeunesse convaincue de la justesse de ses revendications, et qui n’en peut plus d’un régime qui sert la seule caste gouvernante ignorant complètement un peuple qui vit dans le dénuement le plus total.
Le gouvernement a fait clairement le choix de la répression au lieu de l’écoute et de l’engagement effectif vers des réformes allant dans le sens des revendications du peuple marocain. Une fuite en avant matérialisée par le dernier discours du roi Mohammed VI qui n’a engagé aucune décision allant dans le sens des attentes des manifestants, ignorant même l’urgence d’un changement de gouvernement qui aurait pu apaiser la colère de la rue.
Pour rappel, ce mouvement de contestation dit GenZ 212 a pris forme au mois de septembre dernier après la mort de plusieurs femmes en couches dans un hôpital d’Agadir, faute de soins. C’était là goutte qui a fait déborder le vase d’une colère citoyenne qui couvait et traversait l’ensemble de la société marocaine, épuisée par la pauvreté et l’injustice imposée par un régime rapace et corrompu. Un régime qui se sert au détriment d’un peuple qui ne fait que s’appauvrir, et où beaucoup de Marocains n’arrivent même pas à manger à leur faim.
Une situation insoutenable qui fait vaciller le trône d’un royaume, qui même s’il arrive à mater la manifestation actuelle, ne pourra pas faire face aux colères populaires à venir. Car manifestement quelque chose de profond est en train de se dessiner et de bouger au Maroc. Le peuple est en train de se débarrasser de cette peur imposée par le Makhzen, des années durant, à une société qui est prête à braver tous les risques pour changer sa catastrophique situation.
Par Abdelmadjid Blidi