Quel sera l’impact réel d’une révision et actualisation du P.D.A.U datant de 1997 ?
La Direction de l’administration locale (DAL), de la wilaya d’Oran a annoncé la semaine dernière le lancement d’un grand projet d’études du plan d’aménagement territorial de la wilaya. Un projet qui sera piloté par le service de suivi des programmes de développement de la DAL, et qui s’inscrit, nous dit-on, dans «une dynamique de modernisation de la planification urbaine et territoriale de la métropole oranaise». Selon des experts locaux en aménagement du territoire, ce projet d’étude annoncé vise à répondre à l’urgence et la nécessité de procéder à la révision du Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU) du groupement d’Oran.
Il est utile de rappeler que la loi n° 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l’urbanisme et à l’aménagement a officiellement introduit le PDAU en tant qu’instrument de planification spatiale et de gestion urbaine pour un espace territorial donné, un quartier, une commune, un groupement de communes et une wilaya dans son ensemble. Cet instrument important d’urbanisme et de planification doit fixer les orientations fondamentales de l’aménagement du territoire concerné en définissant notamment les vocations et affectations du sol, à urbaniser ou non, ainsi et les grands infrastructures et équipements projetés et devant servir de référence aux fameux plans d’occupation des sols (POS) au niveau de chaque commune. Ce qui malheureusement est encore loin d’être le cas.
Car on sait depuis des lustres que la majorité des communes oranaises, notamment celle d’Oran, chef-lieu de wilaya, ont bien du mal à maîtriser l’étalement urbain et les affectations foncières conformément aux règles dictées par les outils d’urbanisme, POS et PDAU quand toutefois ils existent et sont mis à jours. Il suffit de consulter les archives numériques de la presse locale pour se rendre compte du nombre effarant de carences et de dysfonctionnements constatés et souvent dénoncés dans bon nombre de quartiers par les habitants eux-mêmes exaspérés et impuissants face à certains dépassements et anomalies dans l’affectation et l’occupation des sols.
On sait qu’en matière de constructions dites de «promotion immobilière», des walis en poste à Oran ont très souvent affiché leur colère face au non-respect des règles d’implantation et d’organisation des chantiers. Sans parler de certaines tours d’hôtels, appartements et bureaux d’affaires d’une vingtaine d’étages parfois construits sur l’assiette foncière d’une villa démolie dans une zone urbaine jadis classée «résidentielle».
Un classement arrêté il y a des années par les vieux plans municipaux d’occupation des sols, mais qui semble être aujourd’hui déclaré obsolète et inutile pour bon nombre d’ Assemblées populaires communales. Des APC qui ont d’ailleurs récemment reçu instruction d’ouvrir des registres d’enquêtes publiques préliminaires, afin de recueillir les avis et observations des citoyens en vue d’une actualisation et approbation de leur POS. Un document d’urbanisme qui ne pourra fatalement qu’entériner la situation actuelle dans bon nombre de cités d’habitat et d’anciens grands quartiers aujourd’hui défigurés par l’anarchie en matière d’habitat urbain et d’activités commerciales. Il suffit d’une balade dans certains quartiers pour «admirer» des commerces de produits alimentaires, boucheries ou boulangeries, côtoyant des ateliers de soudure, de menuiserie ou même de mécanique automobile. On sait par ailleurs que le PDAU pour le groupement urbain d’Oran, englobant Oran, Es Senia, Bir El Djir et Sidi Chahmi, a été élaboré en 1997 et concerne un territoire de 25 150 ha, dont environ 8 800 ha (soit 35 %) étaient affectés à l’urbanisation. Ce PDAU, dont l’étude avait été confiée en 1994, on ne sait trop pourquoi, à un bureau localisé à Saïda a été finalisé et approuvé en 1997.
Des documents d’étude de l’URSA mentionnent que l’option fondamentale retenue par ce PDAU était de « mettre fin à l’urbanisation au coup par coup et en tache d’huile à l’intérieur du groupement ». Ainsi, depuis les années 1990, ce plan est resté à ce jour en place pour encadrer et gérer l’extension urbaine du grand Oran… Mais quel a été son impact réel sur l’harmonie de la croissance urbaine en matière de production de logement, de viabilisation de terrains, de préservation des terres agricoles et des espaces naturels, et de restauration du vieux bâti inscrit au patrimoine architectural ?
Par S.Benali