
Futur hub technologique : Oran accélère dans la course aux startups
La wilaya d’Oran s’affirme de plus en plus comme un acteur incontournable du développement technologique national. Portée par une stratégie ambitieuse visant à renforcer l’écosystème des startups, la capitale de l’Ouest algérien multiplie les initiatives pour attirer et accompagner les jeunes entreprises innovantes, notamment dans les secteurs de l’intelligence artificielle, de la robotique et des énergies renouvelables.
Selon les données nationales, l’Algérie compte actuellement plus de 2 000 micro-entreprises et près de 180 startups. Si la répartition régionale n’est pas encore exhaustive, une part croissante de ces structures se concentre à Oran, profitant de la dynamique universitaire et de la présence d’incubateurs actifs, notamment à l’université Oran 1, à l’École polytechnique et au sein de l’École supérieure d’économie. Ces établissements jouent désormais un rôle de premier plan dans l’accompagnement des porteurs de projets et dans la maturation d’idées technologiques locales.
L’année 2025 a marqué un tournant avec l’implantation ou le renforcement de plusieurs entreprises technologiques, locales et étrangères. Parmi elles, la société WELLTEC, spécialiste des technologies industrielles avancées, qui a choisi Oran pour lancer son premier projet de fabrication locale en Afrique. À ses côtés, des acteurs nationaux comme l’ENIE misent sur la transformation numérique et la production de solutions énergétiques intelligentes, tandis que de jeunes start-ups explorent la fabrication de panneaux photovoltaïques et la valorisation de l’énergie solaire optique. Le NAEPC d’Oran 2025, événement phare du secteur, a constitué une véritable vitrine du savoir-faire technologique national. Il a mis en lumière la capacité des jeunes entrepreneurs oranais à développer des projets concrets dans des domaines de pointe, illustrant la montée en puissance d’un écosystème encore en structuration mais déjà porteur d’espoir.
Pour de nombreux observateurs, cette dynamique traduit une volonté claire de repositionner Oran comme un pôle d’innovation régionale, capable de rivaliser avec Alger ou Constantine. Mais derrière cet essor prometteur, les défis restent nombreux. Le manque de financement adapté, la rareté des espaces de co-working modernes et les lenteurs administratives freinent encore la progression de certaines startups locales.
«La floraison des startups à Oran est indéniable, mais il faut aller plus loin dans l’accompagnement et la consolidation des structures d’appui», estime un spécialiste des incubateurs universitaires. Selon lui, les jeunes entreprises ont besoin non seulement d’un soutien logistique et matériel, mais aussi d’un encadrement durable pour passer du stade de l’idée à celui de la production industrielle.
Les autorités locales, conscientes de l’enjeu, cherchent à renforcer la synergie entre les institutions publiques, les universités et les acteurs privés. L’objectif est clair : faire d’Oran un écosystème cohérent où la recherche scientifique nourrit directement l’innovation économique. Cette vision s’inscrit dans la stratégie nationale qui fait de la start-up un moteur de diversification de l’économie et un levier du développement hors hydrocarbures. L’approche adoptée consiste à valoriser les compétences locales et à encourager les jeunes diplômés à entreprendre dans des secteurs technologiques de pointe.
Une politique qui commence à porter ses fruits, à en juger par la multiplication des concours d’innovation, des hackathons et des partenariats entre universités et entreprises. Si le mouvement reste encore en phase de consolidation, il reflète une transformation profonde de la culture économique locale. Oran n’est plus seulement un pôle industriel et portuaire ; elle devient désormais un laboratoire d’expérimentation technologique où se dessine une nouvelle génération d’entrepreneurs algériens.
À moyen terme, cette dynamique pourrait hisser la ville au rang de capitale régionale de la technologie, capable de rayonner sur tout l’Ouest du pays. Mais pour que cette ambition prenne pleinement forme, il faudra pérenniser les efforts d’accompagnement, simplifier les procédures d’accès aux financements et renforcer les infrastructures d’innovation.
L’essor des startups à Oran ne relève donc pas d’un simple effet de mode: il incarne un changement de paradigme dans la manière dont l’Algérie conçoit son développement économique. Entre volonté politique, jeunesse créative et ouverture au monde de la technologie, la ville s’impose peu à peu comme un symbole d’émancipation économique et un pilier de la nouvelle économie nationale.
Yacine Redjami



