Les marchés désertés… et les trottoirs encombrés
Selon des statistiques officielles communiquées par la direction du commerce à Oran, pas moins de 21 marchés couverts sont désertés par les marchands qui en majorité ont abandonné leur point de vente légal pour occuper illicitement une place sur l’espace public, parmi d’autres commerçants , parfois à quelques mètres du marché déserté. On sait que pour lutter contre le commerce informel, les pouvoirs publics avaient lancé il y a près d’une quinzaine d’années une présumée politique axée sur la construction de nombreux marchés, dits «parisiens», censés accueillir les commerçants ambulants et libérer les trottoirs de la ville squattés depuis des années. Une «stratégie» qui allait très vite montrer ses limites et aboutir à un échec en raison de nombreux facteurs qui n’ont jamais été pris en compte ou maîtrisés. Les investissements réalisés en matière de construction de nouveaux marchés et de réhabilitation des anciens marchés avaient pour but de réorganiser et d’encadrer ce secteur de la commercialisation des produits à large consommation et de lutter contre l’informel. Mais les crédits faramineux dépensés n’ont pas servi à grand-chose, mais ont montré encore une fois les graves déficits de réflexion, d’études et de maturation de ces politiques publiques ne reposant au final que sur la course à la consommation des crédits affectés aux collectivités locales.
Comment comprendre et expliquer que des marchands invités à occuper légalement un stand de vente dans un marché puissent refuser et choisir tranquillement d’aller squatter un coin de trottoir dans un quartier ? Beaucoup expliquent qu’ils redoutent les charges de location et d’entretien jugées trop élevées, et surtout la concurrence déloyale des autres marchands informels occupant «gratuitement» l’espace public et «dispensés» de toutes taxes ou redevances. Fatalement, avec le temps et la passivité des pouvoirs publics, le commerce informel est devenu de plus en plus florissant. Profitant de la conjoncture difficile générée par la crise sanitaire, bon nombre de marchands installés illicitement sur les trottoirs, comme à la Cité HLM, ont «agrandi» leur espace de vente en la transformant en véritable «chapiteau» de vente de fruits et légumes, en tôle et en roseaux, et même éclairé et décoré par des lampes grâce à un branchement chez un voisin ou sur le réseau d’éclairage public. Et le phénomène semble définitivement enraciné dans la banalité du quotidien, et même plutôt admis par les citoyens-consommateurs qui «apprécient» la proximité de ces points de vente, même illicites.
Par S.Benali