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Faire émerger les talents politiques
L’un des aspects les plus révolutionnaires, et donc le plus intéressant dans la mouture du comité d’experts qui a élaboré la première mouture de la loi électorale, c’est bien le principe de la liste ouverte. Cette disposition inédite dans le corpus législatif de l’Algérie indépendante complique quelque peu le comptage des voix à l’issue du scrutin, mais elle ne manque pas de «pertinence». Et pour cause, « liste ouverte » veut dire que l’électeur n’aura pas à glisser une liste de candidats seulement. Il est aussi invité à cocher le nom de celui ou celle qu’il voudrait voir élire. Cela revient à dire qu’il n’existe plus de tête de liste. Ce sera le candidat dont le nom a été le plus coché qui figurera sur la liste définitive des élus locaux et nationaux.
Ce mode de scrutin suppose que chaque candidat a sa chance de se faire élire quelque soit sa position sur la liste électorale. Il lui revient donc de mener sa propre campagne et convaincre les électeurs à choisir la liste sur laquelle il figure, mais aussi et surtout de cocher son nom. Outre que cette disposition met fin à l’achat de «place» sur la liste électorale, elle permet l’expression d’une nouvelle dynamique politique au niveau de la société elle-même. Ainsi, un jeune qui aspire à figurer dans l’APC ou l’APW peut constituer sa propre équipe de campagne et travailler non pas pour le compte de sa tête de liste, mais à son propre profit. Il peut faire des promesses et s’engager à régler les problèmes des citoyens. Il sera clairement identifiable par les électeurs qui le connaîtront personnellement pour avoir été convaincu par son discours.
Ce mode de scrutin est également révolutionnaire pour la simple raison qu’il encourage l’émergence de nouveaux talents en politique. Il est, en effet, clair que n’émerge sur la scène locale et nationale que les hommes et les femmes talentueux et disposant d’un réel talent à même de mobiliser des citoyens autour de leurs idées. On a vu dans les marches du mouvement populaire, des individus qui fédéraient autour d’eux. Certains sont toujours actifs. Avec cette nouvelle loi électorale, ils disposent de l’opportunité de donner un véritable sens à leur combat. A condition bien entendu qu’ils aient la sincérité de défendre leurs idéaux. Dans le cas contraire, les citoyens qui les ont élus leur retireront leur confiance aux élections qui suivront. Ce mode de scrutin oblige les partis à s’entourer de véritables bêtes politiques pour espérer passer le fameux cap des 4%.
Par Nabil G