Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que «la solidarité avec le peuple palestinien est le ciment de la solidarité entre les pays du monde arabe et de l’action arabe commune». Une allusion frontale à la mère des batailles diplomatiques de l’Algérie indépendante.
La réussite de la Conférence ministérielle des pays voisins de la Libye a définitivement replacé l’Algérie dans les sphères diplomatiques majeures de la sous-région et du continent africain. Plus qu’une impression, la dimension prise par la voix algérienne lors de la conférence et à l’occasion de la conférence de presse animée par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, démontre le poids du pays dans les choix stratégiques du continent. Et comme dit l’adage, l’appétit vient en mangeant, le ministre ne cache pas l’intention de l’Algérie de faire du prochain sommet de la Ligue arabe qui se tiendra à Alger, celui de la réunification. En mettant en exergue l’attachement de l’Algérie «à l’initiative arabe de paix», M.Lamamra a souligné le fait que «le Sommet arabe devrait se tenir à la date prévue». «L’Algérie est prête à l’abriter et des efforts sont en cours pour en assurer le succès», a-t-il ajouté. Le ministre des Affaires étrangères a également affirmé que «la solidarité avec le peuple palestinien est le ciment de la solidarité entre les pays du monde arabe et de l’action arabe commune». Une allusion frontale à la mère des batailles diplomatiques de l’Algérie indépendante.
A ce propos, le refus d’admettre la présence d’Israël comme pays observateur de l’Union africaine fait des vagues parmi les pays membre de l’UA, au moment où l’entité sioniste pensait que les jeux étaient faits. Sur le sujet précisément, M. Lamamra a indiqué que «c’est là une décision qui porte préjudice à l’unité de l’organisation et à l’action africaine commune». Cette simple déclaration a été ressentie comme un séisme à Rabat et à Tel-Aviv. La raison en est la cinglante déclaration du ministre qui qualifie l’accord de la présidence de la commission de l’UA, comme une atteinte à la crédibilité de l’UA. Pareil organisation «ne peut être construite dans les fora internationaux en déclarant un principe et en faisant le contraire». La voix de l’Algérie a été entendue et les choses se clarifient. Le ministre en veut pour preuve la dernière position des pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui se sont opposés à cette décision. «Nous souhaitons vivement que les esprits et les consciences s’éveillent et que des décisions soient prises afin de préserver la crédibilité de l’Afrique et l’unité de l’UA», d’autant que des pays amis qui ont un poids politique considérable soutiennent entièrement la position algérienne.
Toujours en Afrique, l’Algérie a été sollicitée pour jouer la médiation entre l’Egypte, le Soudans et l’Ethiopie sur la question du barrage de la Renaissance qui a généré un conflit sur le partage de l’eau du fleuve du Nil. M. Lamamra a précisé que les déclarations du Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, étaient «très positives» puisqu’il a salué les efforts de l’Algérie dans ce dossier. Cela encourage l’Algérie à poursuivre ses efforts dans ce sens jusqu’au règlement du différend, a-t-il ajouté. De son côté, l’Algérie a lancé récemment une initiative pour la tenue d’une rencontre entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie en vue de régler leurs différends autour de ce dossier. Cette démarche a été favorablement accueillie par ces derniers. Le 8 août, le Président Tebboune s’était dit «optimiste» quant au succès de l’initiative algérienne concernant ce dossier, appelant les pays concernés à «coopérer» et à faire prévaloir la raison pour un règlement pacifique de la crise. M. Lamamra a affirmé récemment que «l’Algérie est disposée à aider l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie à revenir à une situation normale dans les négociations sur le barrage de la Renaissance», afin de parvenir à une entente qui permettra aux trois peuples de bénéficier de cette ressource précieuse de manière organisée, transparente et équitable.»
Sur la question libyenne, le ministre des Affaires étrangères a estimé que le succès des élections libyennes, prévues en décembre, «créera un climat favorable» à la réussite du Sommet arabe. Animant une conférence de presse avec son homologue libyenne, Najla El Manqoush, au terme de la réunion des pays voisins de la Libye, tenue à Alger, M. Lamamra a précisé que «le succès des élections libyennes, prévues avant la fin de l’année, créera un climat favorable à la réussite du Sommet arabe».
Pour le chef de la diplomatie algérienne, «si le défi est relevé et qu’un retour à la normale est possible en Libye avec sa participation au Sommet arabe et à l’action arabe commune, la solidarité entre les peuples arabes concourra à la réussite du Sommet arabe».
Nadera Belkacemi