Pour accélérer la cadence de la vaccination contre le coronavirus et faire face à une éventuelle arrivée de la 4ème vague, des spécialistes de la santé ont souligné l’impératif de mettre en place une nouvelle stratégie de communication.
Cette nouvelle stratégie vise notamment à inciter les citoyens à se faire vacciner, alors que le manque d’engouement pour la vaccination a été enregistré depuis plusieurs semaines. Certains spécialistes ont expliqué que le manque d’engouement pour la vaccination est dû à la baisse des contaminations par la Covid-19. Face à cette situation, plusieurs professionnels, parmi lesquels des épidémiologistes, immunologistes et préventologues, appellent la tutelle à convaincre les citoyens, notamment les catégories vulnérables, pour se faire vacciner et se prémunir, ainsi, contre une éventuelle nouvelle vague de la pandémie. Les raisons qui se cachent derrière la réticence des citoyens face à la vaccination, et à prendre les mesures nécessaires pour gagner leur confiance et les encourager à se faire vacciner, d’autant plus que les doses sont disponibles, a indiqué à l’agence officielle le professeur Abderrazak Bouamra, spécialiste et chef de service épidémiologique à l’hôpital de Tipaza.
Évoquant la 4ème vague, il a déploré le fait que certaines parties infirment l’éventualité de son apparition en Algérie «sans avancer de données exactes». Il a indiqué, dans ce cadre, que plusieurs pays occidentaux subissent une cinquième vague, certes «peu dangereuse après avoir vacciné plus de 50% des citoyens». Le Pr Bouamra a affirmé que les catégories ciblées doivent se faire vacciner avec la mise en place de mesures urgentes d’abord pour éviter les grands risques en cas de quatrième vague, ensuite pour ne pas revivre «la pression qu’ont connue les hôpitaux et diminuer au maximum le nombre de contaminations et de décès». Pour le Pr. Bouamra, à défaut de ces mesures et si la réticence pour la vaccination persiste, la situation épidémiologique sera difficile à maîtriser avec la grippe saisonnière, deux virus semblables qui «compliqueront davantage la prise en charge des citoyens en cas de nouvelle vague du Covid-19».
En vue d’inciter les citoyens à se faire vacciner, le professionnel a évoqué le recours à l’obligation du pass sanitaire. Il a appelé dans ce cadre plusieurs catégories ciblées, à l’instar des étudiants, des corps constitués, des personnels de la santé et de l’éducation, à affluer vers les structures de santé en cette période afin d’atteindre le taux de 70%.
L’option de recourir au pass sanitaire est partagée aussi par le Pr. Kamel Djenouhat, immunologiste et président du conseil scientifique du CHU de Rouiba. Il a indiqué que le pass sanitaire vise à interrompre la chaîne de contamination, assurer une large protection des individus et prévenir d’un éventuel rebond de la pandémie. L’hésitation constatée chez de nombreux citoyens face à la vaccination est «un comportement irresponsable qui exposerait la société à d’autres vagues encore plus dangereuses», a-t-il martelé.
La Baisse des contaminations et des décès est un indicateur du déclin de la pandémie
Pour ce qui est des contaminations dont l’Algérie a enregistré moins de 100 cas et 5 décès la semaine passée, le Pr Djenouhat a estimé qu’il s’agit s’agit «du début de la fin du virus», tout en appelant, toutefois, à la vigilance, de mise face à un virus qui circule toujours. Il a indiqué aussi que les personnes ayant attrapé la covid-19 et qui refusent le vaccin au motif d’une immunité qu’ils auraient eu suite à leur contamination, commettent «une grave erreur». «Une immunité totale et à long terme n’est pas garantie», même pour les personnes vaccinées après avoir attrapé la maladie, a-t-il encore expliqué, affirmant que le virus circule toujours et les scientifiques n’ont pas encore défini la durée de cette immunité.
Alors qu’un relâchement est constaté depuis plusieurs semaines suite à la baisse des cas de la Covid-19, le professeur a appelé à poursuivre l’application des gestes barrières de protection. Il s’agit du port du masque et la distanciation physique, pour freiner la propagation du virus. Ces mesures s’avèrent d’autant plus nécessaires à l’approche de la saison du froid, le risque d’attraper la grippe saisonnière, dont les symptômes sont similaires à ceux du Covid, pouvant «compliquer la campagne de prévention et de prise en charge médicale, en particulier des personnes non vaccinées et des catégories défavorisées», a affirmé le Pr Djenouhat.
De son côté, Mohamed Yousfi, président de la société algérienne d’infectiologie, a mis en garde contre cette «trêve», à savoir la stabilité en termes des cas de contamination et la baisse du taux de mortalité. Il n’a pas écarté l’apparition d’une quatrième vague de la pandémie, comme ce fut le cas dans certains pays occidentaux. Dans le même sillage, le professionnel de la santé a appelé à l’application du pass sanitaire téléchargeable à travers un portail électronique mis au point par le ministère de la Santé depuis septembre dernier. Il a indiqué que cette option est appliquée dans de nombreux pays qui ont pu maîtriser la situation pandémique et améliorer, par la suite, la situation socioéconomique de leurs citoyens.
Il convient de rappeler enfin que le ministre de la Santé avait indiqué, mercredi dernier, que l’affluence sur la vaccination a été mitigée d’une wilaya à une autre, soulignant que le taux de vaccination devrait atteindre plus de 70% dans certaines wilayas notamment à Mascara et Médéa et ce avant le mois de décembre prochain, date butoir fixée par les pouvoirs publics pour atteindre ce taux au niveau national tandis que ce taux dans d’autres wilayas n’a pas dépassé 23%.
Samir Hamiche