Dérives de gestion et prédation sans limites…
Depuis quelques jours, des affaires dites de détournement de parcelles foncières reviennent à la Une de l’actualité locale suite à une instruction du wali d’Oran ordonnant le gel des arrêtés d’affectation d’une quinzaine de terrains par l’agence foncière dans la Commune de Bir El Djir. Des parcelles foncières attribuées, nous dit-on, à l’époque où l’ex wali Abdelghani Zaalane était aux commandes de la wilaya. Les services de la wilaya expliquent que ce gel a été décidé en urgence suite à un rapport d’enquête ayant démontré que ces terrains ont été octroyés de façon illégale et que les permis de construire ont été délivrés par les services de l’APC de Bir el Djir malgré l’absence d’actes de propriété dans les dossiers présentés par les présumés indus-propriétaires. Les mêmes services ont précisé que la décision de gel de ces attributions est accompagnée par un ordre d’arrêt immédiat des travaux de construction et la «récupération des biens appartenant à l’État». Il est vrai que depuis des décennies la daïra de Bir el Djir, a été l’un des plus grands terrains de prédation foncière par les passe-droits, le copinage et la corruption. Les Oranais, parmi les plus anciens, connaissent bien cette ruée vers les grandes assiettes foncières qui étaient distribuées à l’ombre du fameux schéma de croissance urbaine de la ville vers l’Est. A l’époque de l’ancien système de gouvernance, rares,très rares étaient ceux qui osaient remettre en cause ouvertement des décisions d’attribution de terrains fonciers et de biens appartenant à l’Etat à de « présumés opérateurs économiques, investisseurs et autres hommes d’affaires» venant de toutes les wilaya du pays. A ce jour, beaucoup, en privé, pointent du doigt les fortunes illicitement amassées par d’anciens responsables, des proches d’anciens décideurs du vieux système aux commandes, ou de fidèles courtisans de certains gardiens du temple aujourd’hui incarcérés. Sans vouloir remettre en cause la pertinence de cette décision de gel des attributions de terrain délivrées par l’agence foncière à l’époque du wali Zaalane, il serait légitime de s’interroger sur l’opportunité de cette action à l’heure où le Chef de l’Etat lui-même plaide pour l’assainissement de toutes les contraintes et lourdeurs administratives qui entravent le démarrage de bon nombre de projets. Certes, diront bon nombre, nul n’est au-dessus des Lois de la République. Mais alors, disent les mauvaises langues locales, pourquoi s’arrêter à l’époque de gestion du wali Zaalane et ne pas remonter plus loin dans le temps, sous le règne d’anciens walis aujourd’hui oubliés qui eux aussi seraient pointés pour leurs dérives de gestion et leur prédation…
Par S.Benali