« La bidonvilisation est un phénomène d’urbanisme caractérisé par la détérioration progressive de zones urbaines, qui se transforment en bidonvilles ». A Aïn El Türck, celle-ci s’étend désormais au domaine agricole.
La politique d’éradication des points noirs prônée jusque-là par les pouvoirs publics dans les centres urbains, aussi ambitieuse soit-elle, a encore du chemin à parcourir pour prétendre mettre fin à ce fléau eu égard à la prolifération des « foyers bidonvillisés » dans des recoins insoupçonnés d’Aïn El Türck.
En effet, après avoir investi les espaces urbanisés de la commune, à l’instar de Cap Falcon, les partisans de la construction illicite ont jeté leur dévolu sur le domaine agricole, plus propice parce qu’éloigné du regard et caché à la vue.
Graduellement, mais surement, des agglomérations de baraques sans hygiène, faites de tôles et de matériaux de récupération, avant d’être transformées au fur et à mesure en dur, y ont pris naissance dans l’opacité la plus totale.
Des familles entières s’y sont installées dans l’anonymat, avant que celles-ci ne procèdent à la régularisation de leur situation civile pour la scolarisation de leurs enfants, ticket d’accès, qui leur ouvre droit par la suite à une demande de logement social ainsi qu’aux aides sociales.
Négligeable au départ, le phénomène a pris de l’ampleur, pour s’accélérer postérieurement et finir par s’imposer comme une réalité sociale.
Une virée le long de l’autoroute reliant la commune d’Aïn El Türck aux Andalouses, illustre outrageusement cet état de fait.
Terrée derrière des rangées d’arbres et de monticules longeant l’autoroute sur sa façade opposée à la ville, une étendue de baraquements qui s’allonge jusqu’à la décharge publique de Cap Falcon, git sur des terres agricoles, dans les conditions les plus extrêmes d’isolement et où, les risques de maladies et d’épidémies y sont décuplés, la pollution y est omniprésente, sans gestion des déchets, ni de réseaux d’AEP et d’assainissement et où encore, il est procédé au piratage de l’électricité à partir de réseaux électriques publics.
Quant aux familles qui peuplent ces nouveaux bidonvilles, sont majoritairement de condition sociale très modeste, ayant afflué de différentes wilayas du pays, et y survivent avec des moyens éphémères.
Par quel miracle, ont-elles pu atterrir en ces lieux ? C’est un secret de polichinelle, connaissant la tendance qui a sévi dans le pays pour les constructions illicites malgré les efforts de l’Etat pour contrecarrer les velléités des « promoteurs » du phénomène lesquels y ont trouvé un juteux filon pour ramasser fortune en profitant de la détresse des citoyens tout en mettant à profit, les lacunes administratives des collectivités locales.
Aujourd’hui, les bidonvilles qui se sont formés au fil des décennies en raison d’une migration interne massive et qui continuent de l’être, sont considérés comme des « réservoirs urbains de problèmes » pour les collectivités, pour ce qu’ils impliquent comme croissance démographique rapide et d’inégalités socio-économiques tout en engendrant généralement des problèmes sanitaires, environnementaux et sociaux pour les populations concernées.
Karim Bennacef