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Khaldi Karim, DG de l’EH «Thami Medjber» d’Aïn El Türck à Ouest Tribune : «La Numérisation et le Tourisme médical pour viser le pôle de référence»

Mr Khaldi Karim, Directeur Général de l’EH « Thami Medjber » d’Aïn El Türck, ambitionne de faire de l’établissement hospitalier, un véritable pôle de référence. La numérisation des services et le développement du Tourisme médical, ses atouts, confie-t-il. Ecoutons- le :

Ouest Tribune : Le dossier de la numérisation demeure l’une des priorités de l’Etat algérien pour l’amélioration des prestations médicales au profit du citoyen. Un mot sur ce dossier…

Khaldi Karim : La numérisation est une instruction du Président de la République, elle est appelée à être appliquée par tous les ministères, dont celui de la Santé. C’est aussi une feuille de route tracée par le nouveau ministre de la santé, Mr Sayhi, qui accorde une grande importance à l’informatisation du secteur de la Santé. Concernant l’EH «Thami Medjber», où je viens d’être nouvellement installé, la numérisation des services n’était pas, à mon arrivée, encore mise en application, même si elle avait été inscrite par mes prédécesseurs. Ma tâche va donc consister à booster ce dossier qui s’inscrit dans le cadre du « P.A.M », le plan d’action du ministre. Le processus de la numérisation est clair et a pour but, la gestion du flux du malade. Le malade ne doit plus attendre longtemps comme avant pour être pris en charge. Quand il se présente à l’accueil, on lui remet un ticket portant un numéro qui sera enregistré sur le support électronique et s‘affichera sur un écran. S’il y a urgence, le malade est exempt de cette procédure, il passe directement. Ensuite, il y a un logiciel qu’on appelle le « DEM », qui est le dossier médical, dont le lancement remonte à l’année 2018 mais dont l’application avait été différée jusqu’à l’arrivée du nouveau ministre qui a boosté l’opération. Aujourd’hui, on a redémarré avec une nouvelle version avec laquelle on travaille actuellement. Ce DEM a été installé partout, en commençant par le service des UMC. Donc, une fois que le malade a son ticket en main, le médecin généraliste entre en action et fait l’appel du malade. Ainsi, le médecin va gérer le flux des malades, puisque selon ce procédé, on va éviter les encombrements que l’on enregistrait auparavant devant son service. D’une part, cela permet de mieux organiser le service des UMC et de l’autre, au médecin de traiter un seul patient à la fois. Après auscultation, le médecin ouvre une fiche médicale informatisée sur son micro-ordinateur portant les informations et l’affiliation du malade, lui prescrit, si nécessaire des examens complémentaires, une radio ou un bilan par exemple. Toujours pour l’exemple, si c’est pour une radio, le nom du malade sera directement transmis à l’aide d’Intranet, sur le micro-ordinateur au niveau du service de radiologie. Au niveau de ce service, il suffit au malade de faire connaitre son nom, pour que le manipulateur consulte sur son ordinateur le fichier du malade et puisse ainsi procéder à l’opération de radiologie. Le système d’orientation étant ainsi informatisé, aucun document papier ni ordonnance, ne sont remis au malade. Aussi, on ne remet plus le cliché de radiologie, celui-ci sera automatiquement transféré par le biais de l’Intranet sur l’écran du médecin traitant. La même chose est valable pour le bilan. C’est ce qu’on appelle « hôpital zéro papier ». Donc, en plus de la fluidité dans la gestion du malade, de son accueil, en passant par son orientation, jusqu’à son admission devant un médecin spécialiste ou un service, la fiche médicale du malade est informatisée et répartie par Intranet entre les différents services. En parallèle de cela, dans le cadre de la prévention, nous assurons, avec la contribution de la Protection Civile de la wilaya d’Oran que je remercie à l’occasion, la formation de nos agents de sécurité et de notre personnel technique, sur les premiers soins de secourisme en cas de feu, de séisme, d’accidents. Nous prévoyons également, le 19 du mois en cours, une simulation à grande échelle d’un incendie pour s’initier à l’utilisation par exemple des extincteurs. On mise, comme l’a dit Mr le ministre de la Santé sur la formation, pas uniquement celle du personnel médical.

Ouest Tribune : Quel est le taux d’avancement actuel de la numérisation au niveau de votre structure hospitalière ?

Khaldi Karim : Notre structure hospitalière est totalement équipée par le réseau Intranet qui permet justement d’accomplir toutes ces opérations. Pareil pour le logiciel « DEM ». Quant à la généralisation de la numérisation, qui n’est pas nouvelle et pas non plus très ancienne, elle est à ses débuts actuellement. Elle est pour l’heure, fonctionnelle au niveau de 07 services, dont les UMC, sur 18 services. Le taux d’avancement est de l’ordre de 70 à 80 %. Pour son élargissement bientôt aux services restants, nous sommes en phase de formation du personnel. C’est une formation qui est simple, nous avons créé une cellule de formation pour la pratique d’enregistrement des paramètressur le support électronique pour la constitution des dossiers médicaux (DEM). La formation des équipes tire à sa fin. À la fin du mois de février, l’hôpital sera à 100 % numérisé. Je tiens tout de même à remercier mes prédécesseurs pour le travail accompli, car relier tout l’hôpital en réseau Intranet et en équipements nécessaires, n’est pas une chose aisée.

Ouest Tribune : Quel impact a l’introduction ce nouveau procédé sur le citoyen ?

Khaldi Karim : D’abord le citoyen doit comprendre que cette nouvelle forme d’organisation est destinée à son bien-être et au bon fonctionnement de l’hôpital. Voilà pourquoi, je profite de votre tribune pour lancer un appel aux citoyens pour qu’ils fassent preuve de bon sens. Je m’explique, pour une simple grippe ou un simple mal de tête, le citoyen court aux UMC de l’hôpital destinées aux cas urgents, alors que l’Etat a créé un peu partout, à travers le découpage de 2008, des unités de soins de proximité, les « UPSP », qui sont des structures sanitaires dotées des mêmes équipements que les hôpitaux, c’est-à-dire d’un service radio, d’un laboratoire d’analyses, etc. Et où l’on trouve des médecins qui leur fournissent le même niveau de soins et de qualité que ceux des UMC de l’hôpital. De plus, au niveau des Unités de proximité, on peut rapidement passer sa consultation au lieu de venir aux UMC, faire la queue, attendre pendant des heures et encombrer le service alors que des malades en situation d’urgence attendent d’être pris en charge. On ne refuse pas les malades, l’hôpital appartient aux citoyens, c’est un fait, mais on ne court pas aux UMC pour un simple rhume ! Si maintenant, le médecin traitant estime qu’il y a urgence, c’est à lui d’orienter le malade vers les UMC.

Ouest Tribune : Le service des UMC pourrait être, le point fort ou le point faible d’un hôpital, n’est-ce pas ? Il serait également question d’une nouvelle structure UMC…

Khaldi Karim : Parmi les objectifs du ministère de la Santé, à travers le découpage de 2008 comme cité ci haut, il s’agit de désengorger les UMC des flux intensifs de malades, par la création des UPSP. Le citoyen ne doit pas se focaliser uniquement sur les UMC. Un hôpital, c’est aussi les UMC, un service qui est composé de deux volets, le médical et le chirurgical. Quelqu’un qui a de l’hypertension, ou est diabétique ou présente des problèmes cardiaques, cela relève du médical. L’urgence chirurgicale concerne les accidents de circulation ou des accidents domestiques, des brûlures, etc. Dans les deux cas, cela relève de l’urgence dans la prise en charge immédiate d’un malade dont l’état clinique ne peut attendre ou saurait être retardé. Ceci dit, j’en conviens que le service des « UMC » doit être des plus performants et là, je profite encore une fois de l’occasion qui m’est donnée à travers votre journal, d’annoncer une grande nouvelle pour les habitants de la daïra d’Aïn El Türck et qui est afférente à la réalisation d’un nouveau service des UMC sur le terrain jouxtant notre établissement hospitalier. L’accord est conclu, on a le feu vert pour la réalisation de cette nouvelle structure des urgences. L’actuel service est devenu très exigu, la daïra d’Aïn El Türck étant très convoitée durant la saison estivale, il est difficile de prendre en charge toutes ces populations et absorber tout le flux de malades. Les nouvelles UMC vont soulager d’une part la population d’Aïn El Türck, et de l’autre, celle de passage dans la région. Quant à la question des évacuations, il faut savoir que par manque de certains spécialistes, à l’instar de la neurochirurgie ou la cardiologie, on est contraints d’évacuer le malade vers le CHU d’Oran ou l’EHU « 1er Novembre ». Toutefois, grâce à Mr le directeur de la Santé de la wilaya d’Oran, Mr Bettouaf et le ministère, nous avons établi nos besoins pour l’affectation d’un neurologue et d’un cardiologue.

Ouest Tribune : A part la numérisation et le futur service des « UMC », pensez-vous que l’EH « Thami Medjber » a exploité toutes ses capacités ? A-t-il les moyens de le faire et surtout quels volets penseriez-vous pouvoirs développer ?

Khaldi Karim : Moi mon but, c’est de faire de cet hôpital, un hôpital de référence. Si je peux le faire tant mieux, sinon faire au moins de deux ou trois services, des services de référence. On a misé un peu sur la traumatologie. En 6 mois, nous avons réalisé 120 prothèses, c’est important. On pratique aussi toute sorte de chirurgies. Dans quelques jours, on va acquérir un microscope ophtalmique pour les opérations de cataracte. Cela va permettre d’alléger la pression sur l’EHS Belazrag. L’équipe du docteur Mars du service d’ophtalmologie, n’a pas opéré depuis 2020. Il y a des gens qui attendent, surtout des personnes âgées. Le service d’ophtalmologie sera opérationnel dès la fin février, début mars. Aussi, les implants existent, le malade sera totalement pris en charge. Au niveau du service de la traumatologie, on ne va pas focaliser uniquement sur la prothèse de la hanche, on portera également sur la prothèse de l’épaule. Le docteur Abdelmoumen en charge de ce service est secondé par 6 traumatologues. Au niveau de la chirurgie, nous avons 13 chirurgiens et 06 au niveau de l’ophtalmologie. Donc oui, nous pouvons développer certains volets, L’État a mis tous les moyens pour une meilleure prise en charge du citoyenet a consacré de gros moyens financiers, il faut savoir maintenant comment utiliser cet argent pour le développement de la santé publique en Algérie. Je ne nie pas qu’il y ait des imperfections et des défaillances, mais on va faire avancer des choses, nous avons les prérogatives et les moyens, il n’y a plus de contraintes pour avancer. Le citoyen est la première priorité de l’État et c’est grâce aux citoyens, que nous sommeslà. Quant à la radiothérapie, il y a lieu de savoir que c’est un programme présidentiel pour les cancéreux. La consultation se fait avec un médecin spécialiste qui détecte un cancer, le cancer du sein par exemple. Cela relève de la mammographie. Aujourd’hui, quand il y a ablation, il ya possibilité de reconstruction mammaire. Au niveau du service du Dr Morsli, on a réalisé des reconstructions pour environ 16 ou 20 malades. C’est un grand espoir pour les femmes. Et c’est une première au niveau de ce service. Nous avons convenu avec le Dr Morsli d’élargir l’information à toutes les wilayas. En résumé, tout cela consiste à développer la santé au niveau de la daïra d’Aïn El Türck. Il s’agit de l’Algérie nouvelle.

Ouest Tribune : Le tourisme médical, est-ce un nouveau concept et en quoi consiste-t-il ?

Khaldi Karim : Tout le monde connait le tourisme dit normal, qui peut être balnéaire ou autre mais ignore le tourisme médical, qui est un segment très porteur, socialement et économiquement. Si le voisin tunisien attire beaucoup d’Algériens, c’est pour se soigner et en même temps pour le loisir. Pourquoi, alors ne ferions-nous pas la même chose ? L’hôpital « ThamiMedjber» a tous les atouts et toutes les capacités pour créer un pôle qui sera aussi destiné au tourisme médical. D’une part, il y a l’hôpital, de l’autre, la mer. Celui qui vient se soigner chez nous, profitera aussi de la mer. D’une pierre, deux coups, comme dit l’adage. Cela profitera au développement du tourisme balnéaire et du tourisme médical. L’hôtellerie, la restauration, l’activité économique en général, en tireront profit. Quelqu’un qui vient se faire opérer pour une cataracte ou une vésicule ou pour des soins, viendra généralement en famille, il aura besoin d’hébergement et de restauration. Donc, l’on considère que l’établissement hospitalier « Thami Medjber », peut se développer et développer certains segments. Il s’agit également de réduire les opérations à l’étranger. De réduire aussi les couteuses factures. Toute mesure apte à contribuer au développement des services de l’hôpital, sera prise. Nous ne ménageons aucun effort pour viser le pôle de référence, allant de l’embellissement général de l’hôpital pour qu’il soit attractif d’autant plus qu’il fait partie de l’espace urbain de la ville et c’est d’ailleurs, le seul hôpital au niveau de la daïra d’Aïn El Türck, à la modernisation des services par l’informatisation des techniques de gestion, la qualité prestataire de nos chirurgiens, la formation des personnels, des atouts qui sont les gages de la réussite et de la performance.

Entretien réalisé par Karim Bennacef

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