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Le président du Conseil européen Charles Michel à Alger:
Algérie-Union Européenne : Place aux choses sérieuses

L’Algérie ne se contente pas d’un partenariat limité à l’énergie. L’ambition d’Alger est de diversifier les échanges économiques gagnant-gagnant, avec en prime un transfert de technologie concernant de nombreuses filières industrielles et de services.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, est arrivé hier à Alger dans le cadre d’une visite officielle. Accueilli à l’aéroport Houari Boumediene par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le président du Conseil européen a été reçu par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune. Cette visite, faut-il le souligner, a tous les attributs protocolaires d’une visite officielle. En effet, Charles Michel s’est rendu au Sanctuaire du Martyr à Alger où il a déposé une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative des martyrs de la glorieuse Guerre de libération nationale. Il a également visité le Musée national du Moudjahid où des explications détaillées lui ont été fournies sur les différentes étapes ayant marqué l’Histoire de l’Algérie.
Loin d’être anodin, ce protocole donne au séjour algérois du président du Conseil européen un caractère solennel qui engage l’Union européenne, confirmant ainsi le rang réservé par l’UE à l’Algérie en tant que nation souveraine et un partenaire fiable. Cette visite vient donc solder les comptes de l’Espagne qui a voulu entraîner l’Europe dans une guerre des mots contre l’Algérie dans le but de lui forcer la main dans la brouille algéro-espagnole. Ainsi, après l’Italie qui a conclu un accord stratégique avec l’Algérie et la France, dont le Président Macron a co-signé avec le Président Tebboune un accord de partenariat renouvelé, l’Union européenne donne du ton à la tendance de rapprochement tous azimuts avec l’Algérie.
Il va de soi que cet intérêt marqué est en rapport direct avec les changements géopolitiques imposés par la guerre en Ukraine. Les ressources énergétiques algériennes constituent, à cet égard, une option stratégique pour le vieux continent, aujourd’hui soumis à une forte pression sur son alimentation en gaz naturel. D’ailleurs, la visite a été principalement axée sur l’examen des perspectives de coopération entre les deux parties, notamment dans le domaine de l’énergie. Sur ce volet spécifiquement l’Algérie déploie une palette de propositions complémentaires qui vont de la fourniture de gaz naturel et de GNL, à l’hydrogène vert en passant par l’installation de centrales énergétiques solaires et la liaison électrique par câble sous-marin entre l’Algérie et l’Europe. Toutes ces propositions sont sur la table. Les déclarations des responsables politiques italiens et allemands vont dans le bon sens, mais point de concrétisation. La visite de Charles Michel et l’entretien qu’il a eu avec le Président Tebboune contribuent sans doute à donner une suite sur le terrain aux déclarations d’intention. Il reste cependant que l’Algérie ne se contente pas d’un partenariat limité à l’énergie. L’ambition d’Alger est de diversifier les échanges économiques gagnant-gagnant, avec en prime un transfert de technologie concernant de nombreuses filières industrielles et de services. A ce propos, l’accord d’association qui lie l’Algérie à l’UE ne lui a pas été favorable, preuve en est le déséquilibre commercial qui a fait de l’Algérie un marché pour les produits européens, sans contrepartie. Il est entendu qu’à la faveur de la nouvelle donne géopolitique, l’Algérie dispose d’un levier intéressant pour amener l’Europe à plus de collaboration dans ses relations économiques avec son partenaire du sud de la Méditerranée.
Cette perspective est rendue très possible et le fait que le Président Abdelmadjid Tebboune ait réservé au siège de la présidence de la République, un accueil officiel à Charles Michel, ce qui milite pour une coopération renouvelée. D’autant plus que des questions régionales, à l’image du Sahel et de la Libye, ont été abordées par le Président de la République et son invité. C’est dire que cette visite officielle plante le décor de relations diversifiées et stratégiques.
D’autres questions seront également évoquées lors de cette rencontre, notamment la situation au Sahel, la question du Sahara occidental et la coopération économique entre Alger et l’Union Européenne.
Yahia Bourit

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