Oran Aujourd'hui

Animation culturelle et activités intellectuelles : un secteur en déshérence

Depuis quelques temps, sur les sites d’information et les réseaux sociaux, des universitaires et élites intellectuelles oranaises ne cessent de d’interroger et de déplorer la lente et douloureuse «disparition» de bon nombre de structures et d’organismes culturels qui faisaient jadis la réputation de la capitale oranaise en matière de culture et de promotion du savoir dans différents domaines, de la littérature à l’histoire en passant par les sciences sociales, les langues ou même la poésie.
Un confrère de la presse locale affirmait il y a quelques jours dans son article que «Oran perd peu à peu ses repères». On peut en effet se demander pourquoi par exemple les grandes et célèbres librairies de la ville disparaissent au fil des années, à l’image de la vieille librairie Manhès, située dans le passage ex-Clause au boulevard Émir Abdelkader, ou plus récemment la librairie Alloula, puis la célèbre librairie El Mamoune située au centre ville.
Même le beau métier de bouquiniste a peu à peu disparu des rues d’Oran, notamment après le décès de l’emblématique «Ammi moussa» qui faisait le bonheur des amateurs des livres anciens dits «d’occasion». Il est par ailleurs notoirement connu que les anciennes belles salles de cinéma implantées jadis un peu partout à Oran ont disparu, victimes de la non-gestion, de l’ancienne époque communale marquée par le laxisme sans borne et la prédation.
Seules trois ou quatre grandes salles, telles que l’ex Régent et l’ex Colysée, restent encore en activité, mais ne servent surtout que de lieux d’accueil de manifestations diverses inscrites au programme officiel des responsables locaux et financées par de coquettes subventions et crédits allouées chaque années à des acteurs censés pouvoir animer et promouvoir la culture locale plutôt en déshérence. Un constat illustré par le parcours cahoteux et honteux de cette belle salle El Mahaba sur l’avenue Emir Abdelkader, qui reste depuis plus de vingt ans en attente d’un projet de restauration. Une opération pourtant souvent annoncée et même confiée par l’APC à un opérateur.
Même les anciennes institutions communales concernées par la culture, telles que l’ACVO, ont souvent été dissoutes et remplacées par des commissions diverses, au rythme des défaillances et anomalies financières aux contours opaques. Un ancien système de gestion communal qui a trop longtemps nourri l’exclusion et encouragé l’auto-marginalisation des véritables élites intellectuelles au profit d’un «activisme» indécent soutenu par de médiocres tâtonnements. Comment expliquer et admettre par exemple que l’antenne d’Oran de la célèbre société mondiale de géographie, marginalisée et jetée sans scrupules dans le sous-sol humide du marché Michelet, a fini par disparaître.
Comment comprendre pourquoi le siège du centre de recherche universitaire le «CREDICH» situé sur la rue la rue Larbi Ben M’hidi reste fermé depuis des lustres, en attente disait-on, d’un éventuel projet de rénovation. Bien d’autres structures, notamment des librairies, des bibliothèques et des centres culturels ont peu à peu perdu leur vocation et leur rôle de moteur d’activités culturelles et intellectuelles. Un phénomène qui s’explique en partie par la profonde mutation urbaine de la ville et de la société de plus en plus modelée par la culture de la consommation et de la course au profit et au seul confort matériel.
Tout comme l’hygiène publique, l’environnement, l’urbanisme, le transport, ou la préservation des sites et monuments, le secteur de l’animation culturelle et des activités intellectuelles connaît lui aussi certaines contraintes et insuffisances notoires devant être éradiquées.

Par S.Benali

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