Anticipation de la croissance et du fonctionnement urbain
Selon bon nombre de commentateurs, la nouvelle route de connexion directe entre le Port d’Oran et l’autoroute Est-Ouest serait le «plus grand projet d’infrastructure routière jamais réalisé à Oran». Il est vrai que l’ancrage sur mer d’un tronçon de route, les tunnels et le pont sont d’une complexité technique qui méritent des éloges. Mais en termes de résultats et d’impact final sur le fonctionnement global du tissu urbain, rien encore n’est assuré tant il est vrai que la majorité des habitants oranais qui n’empruntent pas cet axe routier ne sont pas encore exaltés par ce projet qui a mis des années avant de voir le jour. Le week-end dernier, juste à l’entrée de l’hôtel Four Point, des dizaines de véhicules s’engagent ou sortent de la route conduisant à la bretelle d’accès de la pénétrante menant vers Canastel. Les agents de sécurité de l’hôtel semblaient agacés et dépités par le surcroit de travail qui leur était imposé pour «réguler la circulation» et veiller à ce que les clients de l’hôtel puissent accéder à l’établissement sans trop d’attente et de désagréments liés à la circulation. Le rond-point mitoyen semble un peu plus encombré que d’ordinaire, laissant perplexes beaucoup d’usagers allant ou venant de la partie est de la ville et ravis de trouver ce nouveau raccourci pour leur trajet quotidien. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont émis le vœu de voir cette route longeant le littoral est de la ville se prolonger en traversant l’enceinte du port d’Oran pour rejoindre le tunnel de sortie vers la corniche oranaise. «Il y a comme un goût d’inachevé, commente un résident de Canastel exerçant à l’hôpital d’Aïn El Turk,.. Je croyais vraiment que cette autoroute de jonction avec le port allait servir à tous les citoyens usagers et pas seulement aux camions ». On sait que le débat sur l’intégration de la pénétrante au tissu urbain central a fait couler beaucoup d’encre. Malheureusement, comme l’a souligné récemment le wali d’Oran en poste, jamais les études du projet et les textes portant procédures de financement n’ont fait mention de cette initiative de traversée de l’enceinte portuaire pour rejoindre la pêcherie et l’accès à l’ancienne route de la Corniche. On aura beau mettre en relief tous les défis techniques ayant permis de réaliser cette infrastructure routière, le ressenti oranais reste plutôt mitigé, en attendant peut-être de voir l’évolution des projets d’aménagements annoncés le long de ce nouvel axe routier le long de la façade maritime. Une route qui ne permet pas encore de dire que la ville d’Oran a enfin brisé le rempart qui la sépare de la mer. Sur l’ancienne voie d’accès dite «route du port» la circulation routière était jeudi dernier presque aussi dense que d’habitude. Le rond-point de la cité Djamel ne s’est pas radicalement transformé suite à une «soudaine prétendue disparition» espérée et annoncée de tous les poids lourds allant ou venant du port, même si la situation s’est un peu allégée. La gestion d’une grande ville doit reposer sur une vision et une anticipation juste et crédible du fonctionnement urbain dans le moyen et le plus long terme.
Par S.Benali