Oran Aujourd'hui

Bidonvilles et relogements: des vases communicants

La lutte contre le phénomène des bidonvilles, inscrite dans une politique publique dite «d’éradication de l’habitat précaire», vise plusieurs objectifs dont celui de l’amélioration de l’image sociale et urbaine des grandes villes comme Oran, soumise depuis des lustres à une exode rurale et à un afflux de population en quête de meilleurs horizons.

Les Oranais, parmi les plus âgés, se souviennent de ces petits hameaux de maisons en parpaings et en tôle qui formaient une véritable ceinture de misère autour de la métropole oranaise. Des douars aux noms divers et variés comme Sidi El Bachir, Douar Boudjemaa, Douar Dhassa, Fernand-ville, et bien d’autres sites d’accueil de baraques de bidonvilles qui se transformaient peu à peu en véritables petites agglomérations devant être prises en charge et intégrées dans un schéma d’aménagement du territoire local.

Ces zones, devenues des espaces urbains illicites ceinturant le groupement d’Oran, à l’image du lieu dit «Coca» ou de certains anciens quartiers comme Les Planteurs et Ras el Ain, sont certes le produit de la précarité et du dénuement, mais également le résultat d’un manque de maîtrise de la gestion des territoires par des collectivités locales bien défaillantes.

Il est vrai que l’ancien système de gouvernance locale ne reposait que sur la culture des mensonges et des médiocres improvisations conduisant aux échecs, à la régression et au cumul des déficits en termes de besoins sociaux et de prise en charge de la croissance démographique et urbaine. On peut dire, pour illustrer le propos, que ce n’est que depuis ces six dernières années que l’on assiste enfin à de sérieuses opérations de démolition de bidonvilles après relogement des occupants.

Selon des chiffres officiels, plus de 20 000 familles ont bénéficié ces deux dernières années d’un logement, parmi elles une très grande majorité habitant un bidonville ou squattant une bâtisse du vieux bâti à risque d’effondrement. Les mêmes sources de wilaya ont indiqué que plus d’une douzaine de sites de bidonvilles ont été éradiqués en deux ans et leurs assiettes foncières récupérées. Des assiettes destinées à des projets sociaux d’intérêt public.

D’autres opérations seraient programmées durant ce dernier semestre de l’année en cours, soulignent les autorités locales fermement engagées à éradiquer tous les bidonvilles à travers toutes les communes de la wilaya. Mais face à la prolifération constante et inquiétante des constructions sauvages et illicites sur des terres domaniales, agricoles, forestières et même sur le littoral marin, on ne peut que rester sceptiques sur les résultats à moyen et à long terme de cette politique «d’éradication de l’habitat précaire» qui semble faire l’impasse sur la nécessaire maîtrise des flux de déplacement de population et de gestion du patrimoine foncier dans toutes ses composantes.

À l’image de bon nombre de communes côtières et de certaines localités, comme El Hassi, Chtaibo ou encore le célèbre site dit «Coca» relevant de la délégation urbaine de Bouamama dans la commune d’Oran. Ici et là, depuis des décennies, et dans de nombreux cas, des constructions précaires illicites évacuées après un relogement des occupants sont de nouveau réoccupées par d’autres familles brandissant à leur tour leur droit à un logement décent.

On se souvient pourtant qu’il y a plus de quinze ans, après le grand recensement des occupants de bidonvilles effectué en 2007, les pouvoirs publics avaient officiellement annoncé que plus aucun occupant de baraque non recensé avant décembre 2007 ne bénéficiera d’un nouveau logement… Une équation à plusieurs inconnues qui semble bien difficile à résoudre.

Par S.Benali

Related Articles

Back to top button