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Inflation mondiale, crise économique, incertitudes…:
Ce qu’en pensent les Algériens

La reprise incertaine post-covid, suivie par l’éclatement de la guerre en Ukraine constituent les conséquences directes de la grave crise économique que traverse le vieux continent et au-delà au niveau de l’ensemble des régions du monde. Vu d’Algérie, la crise est perçue différemment. Témoignages.

Bien que sérieusement inquiets des effets de la crise économique mondiale sur l’état d’une grande partie du monde, les Algériens ne sentent pas encore une quelconque différence dans leur mode de vie. L’embellie financière consécutive à la hausse des prix des hydrocarbures et les excédents commerciaux cumulés sur les huit premiers mois de l’année en cours poussent à l’optimisme, même si le taux de l’inflation fait grincer quelques dents.
La promesse présidentielle de relever les salaires peut raisonnablement calmer le front social, visiblement pressé de bénéficier de la période faste que vivent les finances du pays.
Celles-ci seront certainement utilisées pour relancer sérieusement les investissements publics, notamment ceux qui ont été gelés en 2014 et 2017. Cet état de fait conforte le discours développé par plusieurs experts, à savoir que l’Algérie est véritablement à l’abri d’une crise économique et financière pour plusieurs années encore. Les citoyens disent suivre avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation économique dans le pays et à travers le monde. Ils constatent pour nombre d’entre eux que les grands travaux engagés par l’Etat, reprennent au grand bonheur des employés et de leurs entreprises.
«Pour moi, c’est l’indicateur le plus important de l’apparition de la crise dans notre pays », note Sid Ali, cadre dans une entreprise publique qui affirme n’avoir pas oublié les dernières années où «du jour au lendemain de grands chantiers ont cessé leur activité, mettant beaucoup de travailleurs du bâtiment et des travaux publics au chômage». Cela dit, cette inquiétude a tendance à s’estomper pour Sid Ali qui retient que «la démarche des autorités a été beaucoup plus prudente que celle adoptée durant les années 80 ». Ainsi, dira-t-il, « le payement anticipé de la dette extérieure, la sensible réduction de la dette intérieure, la création du fonds de régulation des recettes pétrolières sont autant de facteurs qui ont permis au pays d’éviter de reproduire la crise des années 80-90». Cette vision très optimiste de l’avenir immédiat de l’économie nationale tranche avec l’avis de Kamel, chômeur qui dit craindre de ne pas trouver du travail. Bénéficiaire de l’allocation chômage décidé par le président de la République en avril dernier, Kamel n’en reste pas moins suspicieux. «Même si l’Etat continue de dépenser de l’argent pour maintenir un certain équilibre économique, rien ne me dit que les entreprises privées ne vont pas souffrir de la situation et mettre des centaines de travailleurs dans la rue», soutient-il. Il en veut pour preuve : « je trouve de grandes difficultés à trouver du travail ces derniers mois. Je pense que le privé a peur d’être touché par la crise, alors il anticipe ».
Interrogé sur son carnet de commande depuis l’apparition de la crise économique en Europe, conséquence notamment de la guerre en Ukraine, un maçon avoue que son rythme de travail n’a pas baissé, mais prévient que « les coups d’arrêt dans notre secteur sont brutaux », affirme-t-il, en argumentant : « il suffit que le prix de l’un des matériaux de construction flambe en rapport avec la crise mondiale, pour que les chantiers cessent de tourner dans la semaine».
Cette prudence que certains pourraient qualifier d’excessive, semble s’imposer comme une donne permanente dans le comportement des Algériens qui ont assez mal vécu les conséquences de la baisse des prix du pétrole en 1986 et du coup d’arrêt de 2014. Le spectre d’une nouvelle descente en enfer ne quitte pas l’esprit des Algériens, malgré les chiffres très positifs de l’économie et des finances nationales.
Nadera Belkacemi

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