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Inscription du Raï par l’Unesco au patrimoine de l'humanité:
Le rôle important du défunt Hadj Meliani dans cette consécration

L’inscription de la musique Raï par l’Unesco sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en tant que chant populaire d’Algérie, est une consécration suite à un combat inlassable mené par les acteurs du monde culturel algérien, des associations activant à Oran, à Sidi Bel Abbès, à Saïda, mais aussi par des intellectuels qui ont défendu cette candidature.

Parmi les premiers intellectuels qui ont défendu sans répit le raï figure le défunt enseignant universitaire et chercheur en patrimoine algérien, Hadj Meliani, décédé en juillet 2021.
Le défunt Hadj Meliani était parmi les grands militants de la sauvegarde et de la vitalisation de la musique Raï.
Il n’est jamais resté dans sa tour d’ivoire universitaire.
Il n’a cessé d’aller au charbon, avec un talent consommé.
Ce grand nom de l’université algérienne était un militant inlassable pour l’émancipation de la culture populaire dont il n’a cessé d’œuvrer pour la promotion.
En 2016, il a défendu corps et âme le dossier de candidature déposé auprès de l’Unesco par le centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) pour classer le «Raï, chant populaire algérien» à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Cette première candidature a échoué, mais en 2020, un autre dossier de candidature a été déposé et a abouti.
Le défunt Hadj Meliani a, à son actif, plusieurs ouvrages sur le patrimoine immatériel algérien, dont «L’aventure du Raï: musique et société», qu’il a écrit en collaboration avec Bouziane Daoudi, entre autres. Hadj Meliani qui a été commissaire du festival Raï en 2007, a également à son compte, plusieurs publications. Il s’agit, par exemple, de l’ouvrage intitulé «Le Raï, expression artistique entre langues et cultures, entre tradition et innovation», qui a fait l’objet d’un cours public présenté en 2009, à l’Université de Rennes 2 en France et «Oran sur Raï. Une expression de la ville, cahiers de langue et de littérature, poétiques de la ville», travail présenté en 2006, à l’université de Mostaganem.
Le défunt a également réalisé, en 2003, un travail intitulé «La chanson oranaise moderne.
Trésors de la musique algérienne»,
ouvrage disponible à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
Selon le défunt Hadj Meliani, «le raï est né dans sa forme traditionnelle au début du XXe siècle à Oran, Sidi Bel Abbès et à Aïn Témouchent».
Les travaux de ce chercheur ont donné des éclairages sur cette musique qui s’est modernisée dans les années 1970, puis internationalisée depuis les années 1990.
Une musique issue de la tradition Melhoun, du style Bedoui et plus précisément sa variante Wahrani.
Depuis les années 1920, émerge le Wahrani, adaptation du Melhoun, tradition musicale de l’Oranie portée par des maîtres tels que Cheikh Khaldi et Cheikh Hamada.
Vers les années 1950, grâce à Cheikha Remitti, reconnue comme la mère du Raï moderne, cette musique s’étend aux quatre coins de l’Algérie et en France.
Dans la fin des années 1960, Ahmed Zergui modernise le Raï en introduisant la guitare électrique et l’accordéon.
A partir du milieu des années 1980, le Raï est propulsé au rang de patrimoine culturel nationale avec l’arrivée de nouvelles stars à l’image de Chaba Fadila, Cheb Khaled, Cheb Mami, Cheb Sahraoui, Chaba Zahouania, Cheb Hasni et bien d’autres figures. Il y a également des groupes comme Raïna Raï, très populaire, qui fait appel à un métissage avec d’autres genres musicaux.
Le premier Festival Raï a lieu à Oran en 1985.
Les artistes ont payé un lourd tribut lors de la décennie noire.
En 1994, le prince du Raï sentimental Cheb Hasni, le chanteur Cheb Aziz et l’éditeur de la musique Raï Rachid Baba Ahmed, ont été assassinés.
Malgré ces drames, les artistes n’ont pas abdiqué.
Le Raï s’est imposé au niveau international grâce à la bravoure des artistes dont Dj Snake, des intellectuels et des associations activant à Oran, à Sidi Bel Abbès, à Saïda, qui ont toujours défendu ce patrimoine immatériel qui est désormais reconnu et célébré par le monde entier.

Imad T

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