Ce théâtre qu’est devenue la France
Le nouveau gouvernement français drivé par Lecornu dégage un peu de fraîcheur, en comparaison avec le précédent. On n’y sent pas l’odeur du «renfermé colonial». En tout cas, à première vue et à la lecture des noms des personnalités qui le composent, on n’est pas interpellé par un profil «détestable». De hauts fonctionnaires pour la plupart, les membres du nouvel exécutif parisien donnent une impression de ne pas être «habités» par l’Algérie. Le nostalgique en chef de l’ancienne équipe, un certain Bruno Retailleau, n’y figure pas. Vu d’Algérie, le propos n’est pas de s’en féliciter ou pas, mais de constater que le petit bonhomme ne doit son ascension qu’aux clashs stupides qu’il inventait en se rasant le matin. La médiasphère raciste a relayé ses inepties, jusqu’à oublier le rôle d’un vrai ministre de l’Intérieur. Tout ce que compte la France comme résidu du colonialisme ont poussé le petit Bruno au point d’en faire, disaient-ils, un présidentiable. Quand bien même, il aurait poursuivi sa progression dans les sondages, voire dans les urnes, cela ne changera rien à la fermeté de l’Etat algérien face aux élucubrations de petits fascistes.
Cela étant dit, l’effacement de ce « républicain» de pacotille ne règle en rien la très complexe équation française. Lui-même l’avait, rappelons-le, considérablement compliqué lorsqu’il était aux affaires. Son ambition débordante a mis entre parenthèses les multiples problèmes que rencontraient les Français. Lui et ses amis avaient vampirisé le débat en le ramenant exclusivement sur l’Algérie.
Conseillons donc au nouveau gouvernement de construire un discours honnête, une alternative sérieuse pour sortir la France du bourbier où l’ont mis les énergumènes de l’extrême droite. Débarrassé du trublion Retailleau, le gouvernement Lecrornu 2 doit posément expliquer aux Français «les choix budgétaires sans masquer les incohérences, reconnaître les erreurs sans déployer des excuses tardives, et proposer des horizons crédibles pour les jeunes qui regardent l’avenir avec un mélange de scepticisme et d’espoir», disent les voix sages qui savent faire la différence entre un véritable engagement politique pour la nation et une posture bêtement médiatique au service exclusif d’un groupe de nostalgiques seulement motivé pour régler des comptes avec l’Histoire. Lecornu doit en finir avec l’esbroufe, comme ces promesses stupided de forcer la main à l’Algérie.
Si la France a besoin d’un conseil, qu’elle prenne l’Algérie pour exemple, histoire de montrer, jour après jour, que l’action publique peut être honnête, utile et digne. Osons donc une autre remarque: celle que les Français ont besoin d’une forme de fraîcheur véritable, celle qui met le destin collectif au-dessus des intrigues personnelles, et qui réapprend aux Français à croire que la politique peut être, encore, un métier de service et non un théâtre d’illusions.
Par Nabil.G