Oran Aujourd'hui

Comment Réformer sans changer les mœurs et les mentalités…?

Trois syndicats de la Santé publique ont décidé d’une journée de grève nationale, prévue mercredi prochain. Dans un communiqué commun, le Syndicat national des Enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU), le Syndicat national des Praticiens de la santé publique (SNPSP) et le Syndicat algérien des Paramédicaux (SAP) dénoncent en préambule la «défaillance de notre système de santé». Une défaillance qui selon eux a été mise en exergue par la crise sanitaire liée à l’épidémie du Covid19. Tout en se félicitant, à juste titre, de la mobilisation du corps des soignants pour prodiguer tous les soins nécessaires aux citoyens touchés par le virus, les syndicalistes rappellent que des mesures annoncées, depuis le début de la crise sanitaire, n’ont pas été concrétisées. Ils citent notamment l’octroi de la prime d’encouragement aux professionnels de la santé qui n’a toujours pas été octroyée. Il est certes légitime d’inscrire cette doléance sur la liste de revendications sociales devant justifier une grève. Mais en la plaçant au même rang que les demandes de réorganisation et de restructuration du système national de santé, les syndicalistes ont pris le risque de réduire la question fondamentale de la réforme sanitaire à une simple mesure de révision des textes et des statuts des fonctionnaires de la santé publique. Ceux qui depuis des années dénoncent en vain l’état des lieux et le fonctionnement des établissements de santé, notamment à la wilaya d’Oran, savent à quel point le facteur humain joue lui aussi un rôle certain dans l’anarchie et la régression observée ici et là à travers les structures d’accueil des citoyens malades. Sans remettre en cause, bien au contraire, la compétence et l’intégrité du personnel soignant, il faut bien admettre que les modes d’organisation et de gestion des structures hospitalières ne répondent pas forcément aux objectifs d’efficacité et de rendement en vain annoncés. Et ce n’est que lorsque des primes ou indemnités ne sont pas versées que les syndicats de la santé montent au créneau de la protestation par la grève ou l’arrêt de travail, peu compatible avec le devoir de soigner. Avec en moyenne un nouveau directeur général nommé chaque année et un scandale de gestion qui éclate tous les cinq ans, le vieil hôpital universitaire d’Oran reflétait toutes les tares et les dysfonctionnements marquant depuis des années le lamentable état des lieux du secteur de la Santé. Aujourd’hui, malgré les efforts des responsables concernés, l’établissement de santé publique peine encore à trouver ses marques et à résoudre ses carences en matière de qualité d’accueil des malades ou de disponibilité de médicaments, produits et petit matériel de chirurgie… Aucune réforme sanitaire n’est efficace sans un changement des mœurs et des mentalités…
Par S.Benali

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