EDITO

Démocratie, dites-vous

Modèle hier, la démocratie occidentale bat de l’aile aujourd’hui. Quand on voit ce qui se passe dans plusieurs pays du Nord, on a la conviction profonde que ce modèle de gouvernance est à bout de souffle. Il ne permet plus, ou pas tout à fait, de faire fonctionner les institutions selon le choix des peuples et pour bonne conduite des affaires de l’État. On se permet ainsi de plus en plus d’écarts et certains profitent, à l’excès, de toutes les failles et défaillances du système.

Et les exemples pour illustrer cet état de fait ne manquent pas. A commencer par la plus grande démocratie au monde, les Etats Unis d’Amérique. Ce pays, qui s’apprête (dans quelques dix jours) à élire son 47e président, fait face à une surenchère jamais vue, qui secoue sérieusement les fondamentaux de sa vie démocratique. Avec le candidat Donald Trump, on n’ assiste pas à une opération de conviction par les arguments pour choisir son programme ( à supposer qu’il en ait un), mais à une campagne de caniveaux où toutes les lois sont allègrement bafouées. Un homme qui fait peur et qui a défié la puissante justice américaine malgré toutes les affaires et les casseroles qu’il traine, allant de la fraude fiscale à la mise en danger de la sécurité du pays en passant par le viol. Et qui en plus menace tout le pays si jamais il ne sera pas réélu. Une menace qu’il avait déjà exécutée en janvier 2021 en lançant ses partisans contre le Capitole, car il a jugé que la victoire lui a été volée.

En France, les choses ne sont pas meilleures, puisque les voix des électeurs lors des dernières législatives ont été jetées à la poubelle pour donner les clés du pouvoir au LR ( Droite), un parti qui a fait un score ridicule de 46 sièges, au moment où le Nouveau front populaire (Gauche) qui a arraché la majorité relative avec 182 sièges a été renvoyé, lui et sa majorité, à ses chères études. Alors si c’est cela la démocratie (pouvoir du peuple) c’est qu’on n’y a rien compris depuis la Grèce antique.

Le même scénario, à quelques différences près, on l’a vu également en Espagne où le PSOE, de Pedro Sanchez, arrivé en seconde position derrière le PP, lors des dernières législatives, gouverne aujourd’hui le pays, après des alliances conclues avec de petits partis y compris parmi les séparatistes catalans, alors que le vainqueur s’est cassé la gueule malgré le fait que c’était là le choix premier du peuple espagnol.

Et dans cette décadence institutionnelle et ce reniement bizaroide, l’extrême droite profite du chaos et des colères multiples des sociétés où les chaînes extrémistes comme CNEWS en France ou Fox News en Amérique nourrissent ce pourrissement ambiant.

De ces difficultés internes naissent des complications à l’échelle internationale où les positions radicales de ces pays, un peu partout dans le monde, en Ukraine d’abord mais surtout au Proche-Orient, interrogent sérieusement.

Un crépuscule difficile à admettre pour ces puissances finissantes qui alimentent aujourd’hui les conflits au lieu de participer à leur règlement. Les montées en puissance de pays comme la Russie ou la Chine les inquiètent à un point tel qu’elles leur font perdre leur sang froid et leur font prendre des décisions qui menacent grandement la paix et la stabilité dans le monde.

Par Abdelmadjid Blidi

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