Des interrogations et des incertitudes forgeant le doute et les illusions
Selon les dernières déclarations du ministre des Travaux Publics et des Infrastructures de base, lors d’une visite de travail à Oran, le premier tronçon de 8 km du projet de route pénétrante reliant le Port d’Oran à l’autoroute Est-Ouest, devrait être livré avant la fin du mois de juin de l’année 2024 en cours. Le responsable avait souligné que toutes les entraves ont été levées, notamment celles liées à la réévaluation du projet et aux travaux complémentaires devant être réalisés conformément au cahier des charges et aux engagements de l’entreprise.
De son côté, le wali d’Oran avait insisté sur la nécessité d’accélérer le rythme des travaux tout en assurant un suivi hebdomadaire rigoureux par les services de la wilaya concernés. Ce projet, confié au consortium algéro-turc Makyol, a déjà enregistré un important retard dans l’achèvement des travaux. Un retard que l’on explique surtout par des raisons techniques liées à la nature et la stabilité du sol. Il est vrai qu’au cours des travaux on a enregistré pas moins de cinq glissements de terrain, qui ont dû être pris en charge et traités.
Mais selon un expert oranais, les études de sol devaient en principe indiquer au départ les points de fragilité à prendre en compte avant même le lancement des travaux. Ce projet, qui comprend cinq ouvrages d’art, dont un tunnel à deux accès d’une longueur de 930 mètres, un autre tunnel d’une longueur de 1.580 mètres et un pont d’une longueur de 680 mètres, est à l’évidence l’un des projets d’infrastructure routière les plus complexes jamais réalisés à Oran.
Mais les mauvaises langues locales ne s’empêchent pas pour autant de critiquer, à tort ou à raison, «les lenteurs et les tâtonnements» liés à un certain manque de maîtrise et de maturation des projets. Citant l’exemple du complexe olympique d’Oran qui a mis plus de dix ans avant d’être achevé et livré, bon nombre d’observateurs se demandent pourquoi, sous d’autres cieux, le même type d’ouvrage est réalisé parfois en moins de trois ans.
La maîtrise des technologies de pointe, la gestion des process et la programmation et le suivi des chantiers ne sont pas les seuls volets à mettre en cause quand on connaît aussi les lenteurs et les lourdeurs de l’appareil administratif et financier chargé des procédures d’inscription, de commandes, d’achats, de paiement et d’assistance logistique sous toutes ses formes pour la bonne avancée des travaux. Comment, à titre d’exemple, expliquer qu’un wali doit souvent intervenir lui-même pour exiger un renforcement du chantier en main d’œuvre avec des équipes en 3×8 pour accélérer le rythme des travaux? Ou pour corriger certaines lacunes visibles à l’œil nu enregistrées sur les chantiers?
Depuis trop longtemps, de grands projets annoncés ou lancés à Oran ont été pénalisés par des retards hallucinants suscitant des interrogations et forgeant parfois l’incertitude et les illusions… Ainsi va Oran.
Par S.Benali