EDITO

Le gaz et la géopolitique

L’Algérie accueillera à partir d’aujourd’hui et sur trois jours, le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays exportateurs de gaz. L’événement est planétaire et intervient dans une conjoncture tout à fait exceptionnelle avec une guerre aux portes de l’Europe, en plus d’une réorganisation profonde du système de distribution de cette énergie qui a tendance à devenir un produit stratégique pour de très nombreuses années encore. La guerre aux portes de l’Europe a, en effet, détourné le gaz russe qui se vend désormais en Chine et en Inde et placé le gaz algérien comme une ressource majeure pour l’alimentation de l’Europe occidentale. Cela pour dire que l’on a beau chercher pareille situation par le passé, cette conjoncture n’a pas de précédent.

Il est ainsi évident que le Sommet d’Alger des pays exportateurs de gaz s’impose comme un rendez-vous stratégique pour les pays du Forum qui auront l’opportunité de voir comment tirer un maximum de bénéfices de la conjoncture géopolitique qui les arrangent au plus haut point. Ce sommet arrive à point nommé pour donner du sens à ce forum et pourquoi pas le transformer en une sorte de l’Opep du gaz, préconisent des spécialités. Quant aux dirigeants des pays invités au Sommet d’Alger, l’opportunité est de décorréler les prix du gaz de ceux du pétrole. Étant l’énergie du futur et un facteur de transition idéal entre l’énergie fossile et celle durable, à laquelle aspirent l’humanité, le gaz peut se négocier à un prix, bien plus intéressant à celui pratiqué actuellement.

Cette option est d’autant plus intéressante pour les pays exportateurs de gaz que des études sérieuses affirment que les prix de l’or noir pourraient connaître une variation à la baisse durant les deux prochaines années. De prime abord, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Sauf que pour un pays comme l’Algérie qui tire l’essentiel de ses exportations de gaz, une indexation aux prix du pétrole générerait des pertes sèches qu’elle pourrait s’éviter. Cela crédite le Sommet d’Alger d’un supplément d’intérêt de la part de nombreuses nations qui se lancent dans la production et la commercialisation du gaz. Faut-il rappeler, à ce propos, que des découvertes de gaz se font on ne peut plus nombreuses ces dernières années et l’attrait pour le pétrole a tendance à baisser. Il n’est pas question pour les exportateurs de gaz de se voir impacter par une baisse des prix de l’or noir, au moment où l’énergie dominante sera bientôt le gaz naturel et le GNL.

Ce sont là les principales raisons qui peuvent justifier l’importance du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays exportateurs de gaz d’Alger. Mais l’on peut également deviner l’immense charge géopolitique de ce rendez-vous, susceptible, s’il réussit, et nous n’en doutons pas, à faire pivoter l’axe de la puissance énergétique de la planète. On n’en est pas encore là, mais il est certain qu’on se dirige vers un nouveau modèle énergétique qui met l’Algérie au cœur de l’équation.

Par Nabil.G

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