Des lendemains incertains
La guerre fait toujours rage en Ukraine. Au même moment, la diplomatie, elle, trouve toutes les peines du monde à se frayer un chemin au milieu des décombres et des canons qui tonnent. Elle a encore été mise à mal par les dernières déclarations du président américain Joe Biden.
En visite à Varsovie, Biden n’a pas fait dans la dentelle, qualifiant son homologue russe Vladimir Poutine de «boucher» et de «dictateur». Il a même asséné que Poutine « ne pouvait pas rester au pouvoir». Une phrase qui n’est pas sans rappeler d’autres phrases prononcées par d’autres présidents occidentaux à l’adresse de chefs d’États arabes, dont deux ont été tués, Saddam en Irak et Al kadhafi en Libye, alors que le troisième, Bachar el-Assad, n’a dû son salut que grâce justement au soutien militaire de la Russie.
Mais si les Américains et les Occidentaux ont pu se permettre toutes les dérives dans ces pays arabes, ils ne peuvent se le permettre quand il s’agit d’une super puissance militaire comme la Russie. D’ailleurs la Maison Blanche s’est empressée de nuancer les déclarations du président Biden, affirmant à travers son porte parole que «ce que le président voulait dire, c’est que Vladimir Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région. Il ne parlait pas du pouvoir de Poutine en Russie, ni d’un changement de régime».
Moscou, de son côté, tout en qualifiant les propos du président américain d’«insultes personnelles», l’a invité à rester «réfléchi».
Une escalade de plus dans un conflit qui risque de plonger le monde dans d’autres crises qui toucheront d’autres régions de la planète et retarderont la solution d’autres conflits comme en Libye ou au Yémen. Le monde d’après guerre sera lui aussi drapé de risques d’affrontements et de guerres par procuration, alimentées par les puissances de ce monde qui désormais font un retour dans le passé et reprennent le fil de la guerre froide que l’on croyait fermée à jamais.
Le monde de demain ne peut annoncer qu’une autre course effrénée vers l’armement. Même les pays qui ont fait le choix, après la deuxième guerre mondiale, de minimiser leur politique d’armement, à l’image de l’Allemagne, ont clairement affiché leur intention de consacrer une grande partie de leur budget à cette industrie. Autant dire que la diplomatie et les espoirs d’un monde pacifié n’ont plus droit de cité après les bouleversements auxquels on assiste depuis le début de cette année.
Par Abdelmadjid Blidi