Des marocains devenus algériens… par la force du temps et du destin…
Le scandaleuse affaire de falsification de certificats de nationalité algérienne au profit d’une vingtaine de ressortissants marocains qui a éclaboussé la wilaya de Sidi bel Abbés n’a pas manqué de soulever au sein de l’opinion oranaise un tollé d’indignation et un bon nombre de questionnement sur la sécurité de la gestion de ces pièces administratives importantes. Entre autres interrogations, les mauvaises langues locales, et les internautes anonymes, se demandent combien de cas de fraudes à la nationalité ont été déjà commises dans la discrétion et l’impunité au profit de citoyens marocains réfugiés ou installés clandestinement dans notre pays depuis déjà un bon nombre d’années. Ricanant en écoutant certaines théories absurdes sur l’origine territoriale oranaise souvent clamée sans retenue, bon nombre d’observateurs avisés, au courant des profils et des parcours des acteurs-tricheurs concernés, dénoncent souvent, mais en cercle privé, certains énergumènes fortement «accusés» d’être des Marocains d’origine installés parfois même dans des sphères de la représentativité populaire et du mouvement associatif local. Sans vouloir jeter un trouble inutile sur la scène locale, il faut bien admettre que certaines rumeurs et spéculations ne peuvent être totalement inventées. On sait que depuis des décennies, Oran et sa région, ont été le réceptacle d’un grand nombre de citoyens marocains fuyant la misère et les brimades de la monarchie voisine. La quête de liberté et de plus de dignité ne peut en effet que justifier le choix d’une immigration pour tenter de construire ailleurs une nouvelle vie. On sait que dans bon nombre de nos communes, notamment le long de la corniche oranaise, des artisans marocains spécialisés dans la taille et la décoration des revêtements de murs et de plafond en plâtre étaient très recherchés par les Algériens fortunés qui construisaient leurs somptueuses villas. Anciens ou nouveaux riches se disputaient aussi le savoir faire de ces réfugiés non déclarés officiellement et non répertoriés qui maîtrisaient à merveille l’art de la plantation et de l’entretien des vergers. Et au fil des ans, et du brassage des populations dans les grandes villes de l’Ouest, le phénomène a eu tendance à s’effacer. Et pour certains anciens Marocains, ou fils de Marocains, devenus Oranais, Tlemceniens ou Belabbésiens «par adoption», comme le revendiquent abusivement quelques pseudo-philosophes autoproclamés, l’intégration dans la société civile locale allait dépasser toutes leur espérance et toutes les limites. Leur ouvrant la porte à des opportunités d’affaires très convoitées. Comment dès lors s’étonner que des actes de falsification de certificats de nationalité algérienne puissent avoir lieu ici ou là, organisés avec la complicité d’un fonctionnaire peut-être lui-même ex-Marocain devenu Algérien par la force du temps et du destin…
Par S.Benali