Oran

Aïn El Turck:
Des projets morts nés d’autres réalisés à coup de milliards à l’abandon

Avec une humeur bilieuse, des représentants des habitants de la cité des logements LPA, dans le quartier Bensmir, communément appelé douar naquousse, ainsi que des habitants demeurant dans les alentours immédiats des 100 locaux commerciaux, ont exprimé leur ras le bol contre le climat délétère qu’ils endurent.

Tout en dénonçant le squat de ces locaux commerciaux en question par des marginaux, nos interlocuteurs ont fait remarquer avec une pointe de dépit non dissimulé que « la situation s’est empirée après une bagarre ayant opposé plus d’une année auparavant des membres appartenant à deux bandes rivales de délinquants armés de coutelas, pour le contrôle d’un point de vente de drogue, qui s’est soldé par un mort et un blessé grave».
La plupart des belligérants hantent ces locaux et l’ont transformé en de véritables lieux de beuverie et de rencontre ainsi que de cache pour des objets volés. «Nous sommes tirés de notre sommeil en pleine nuit par des cris, des rires et de la musique à fond les décibels. Il serait préférable que les autorités décident de les transformer en une école ou un centre de santé pour le bien de la population du quartier, notre lieu de résidence. Nous interpellons le wali pour mettre un terme à cette situation déliquescente ».
La même déplorable situation est endurée par les familles demeurant dans les alentours immédiats des autres 100 locaux commerciaux, situés sur la partie haute de la localité de Bouisseville. Selon le constat établi sur les lieux, certains de ces locaux sont squattés par des individus au louche acabit. Il importe de signaler que ces locaux commerciaux à l’instar de ceux de Cap Falcon ont été distribués en 2015, cependant les bénéficiaires refusent à ce jour de les occuper et ce, en raison de leur état de dégradation très avancée. En effet plus de deux ans après leur distribution, les 370 locaux commerciaux, inscrits dans le cadre des dispositifs Cnac, Ansej et Angem, qui font partie de l’ancien programme dit du président de la République, n’ont toujours pas été occupés par leurs bénéficiaires et ce, au même titre que le marché de proximité de Haï Nakhil, dans la commune d’Aïn El Turck, qui est constitué de 100 stands, qui ont englouti des milliards pour leur réalisation.
Dans ce morbide contexte, il convient aussi de rappeler le projet de réalisation de la gare routière d’Aïn El Turck, qui était prévu en principe huit années auparavant. Pour des raisons indéterminées, ce projet d’utilité publique a été renvoyé aux calendes grecques. La réalisation de cette fameuse gare routière a été une fois de plus annoncée, dans le cadre des projets de développement, par l’ex-chef de l’exécutif de la wilaya d’Oran et ce, lors d’une visite de travail effectuée à Aïn El Turck.
Notons qu’une superficie d’un peu plus d’un hectare, longeant partiellement le CW 84, qui traverse le quartier Haï Bensmir, à un jet de pierre de l’accès nord-ouest à la municipalité d’Aïn El Turck, a été retenue en 2012 pour la réalisation d’une station urbaine de transport public et ce, dans le souci de désengorger la circulation prévalent au niveau de la place Vassas où est concentrée, dans un sordide désordre, la totalité des stations terminus du transport public, qui suscite l’ire des habitants, des automobilistes et des badauds de passage. Notons également qu’un apport de 15 milliards de centimes a été estimé pour financer la concrétisation de cet important projet, dont les travaux n’ont, à ce jour, pas encore été lancés et dont, comble de l’ironie, la maquette a été présentée toute honte bue lors d’une réception concoctée par les responsables locaux en l’honneur du wali de l’époque, Boudiaf Abdelmalek, qui s’est empressé de donner son aval.
Un ridicule outrancier.
Toujours est-il que ce projet d’une grande utilité publique, qualifié « d’illusoire » par la vox populi n’est pas encore prêt de voir le jour. Sur la place d’Aïn El Turck les discussions gravitent autour des raisons qui bloquent le lancement de ce projet depuis huit années. Il importe également de souligner que l’absence de maîtrise dans la gestion des dossiers relatifs au développement local, qui a régné au cours de ces vingt dernières années, et continue fort malheureusement d’être d’actualité de nos jours dans la contrée d’Aïn El Turck, majorée avec les scandales liés à la perpétration de détournement et de la dilapidation du foncier, ont finalement enfanté une situation morbide.
En effet, ce piteux état de fait est, entre autres, à l’origine de la somnolence dans laquelle végètent un nombre indéterminé de projets d’utilité publique, tandis que d’autres concrétisés à coup de milliards demeurent cependant inopérants des années après leur réalisation et sont de ce fait livrés aux actes de vandalisme et/ou carrément squattés par des familles sinistrées. Ces lamentables états de fait, concernant les projets cités, ne sont en fait que l’arbre qui cache la forêt. L’indolence et de farniente éprouvé et la pagnoterie dont ont fait preuve ceux qui ont été chargés de ce volet sont à l’origine de la regrettable situation prévalant dans cette partie de la wilaya d’Oran.
Le règne du sordide, qui s’est installé en maître absolu dans cette prestigieuse contrée côtière, ne semble à priori pas prêt de céder son trône. Pire encore, la cruelle déchéance de cette région, qui naguère n’avait rien à envier aux villes balnéaires du Vieux continent, a tendance à prendre des proportions incontrôlables au fil des jours et ce, en favorisant piteusement ainsi à l’incivilité et sa fratrie à parapher leur morbide empreinte.
Rachid Boutlélis

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