Des tabous et des paradoxes insolubles
On se souvient que le 22 décembre 2018, lors d’une rencontre avec la presse locale, l’ancien wali d’Oran alors en poste avait annoncé avec aplomb et certitude que l’année 2019 sera celle de l’éradication totale de tous les bidonvilles et baraquements illicites existant sur le territoire de la wilaya. Il avait cité, entre autres, les sites d’habitat précaire de l’ex-résidence universitaire La Cumo, le bidonville de Haï Lasnabi, celui du douar dit « Sardina» ainsi que les baraques de la ferme Djaïder. Selon une annonce des services de la wilaya, publiée à l’époque sur le site internet officiel, un important quota de logements a été, disait-on, réservé et destiné au relogement des familles occupant ces bidonvilles, notamment celui de l’ex-résidence universitaire La Cumo. Près de quatre années plus tard, les chalets insalubres de la CUMO existent toujours et tous les sites de bidonvilles de la wilaya sont loin d’être éradiqués. Bien au contraire, le fléau ne cesse de prendre de l’ampleur et de renaître de ses cendres, forgé et encouragé par les pratiques, les mentalités et les comportements mafieux d’une faune d’énergumènes en quête incessante d’argent facile.
Un fléau qui reste encore «protégé» par des non-dits, des tabous et des paradoxes insolubles. Dans la commune d’Es-sénia, devenue célèbre pour ces occupations illicites, même une ancienne cité universitaire désaffectée, la CUMO, a été squattée par des familles en quête de logement neuf. L’histoire et le parcours de ce site précaire de la Cumo, qui frôle désormais le record de longévité des infrastructures de l’État abandonnées et squattée par des indus occupants, reflète on ne peut mieux l’ampleur des dérives, du laxisme et de la complaisance permettant à certains prédateurs d’agir en toute impunité. Il faut rappeler, pour ceux qui l’ignorent, que cette vieille cité universitaire a été abandonnée par la direction des œuvres universitaires après le transfert vers une nouvelle cité des étudiants qui y logeaient dans des conditions d’hygiène et de confort exécrables. Mais aussitôt désertés par les étudiants, les chambres dans les chalets délabrés ont été squattées, parfois «vendues» par d’obscurs barons de l’habitat précaire à des familles en quête de logement à Oran. Après un premier relogement des occupants en 2005, la cité CUMO, à défaut d’être rasée ou reprise en main par l’administration, a été de nouveau occupée par des squatteurs sous le regard complice, disaient les mauvaises langues, de certains membres de syndicats estudiantins et et de l’administration communale. En 2010 Un recensement avait arrêté une liste de soixante familles «bénéficiaires» installées sur le site avant 2007 qui seules pouvaient prétendre au recasement. Trois ans plus tard, en mars 2013, ils étaient pas moins de 800 nouvelles familles occupant l’ancienne cité universitaire, au statut acquis de bidonville, qui réclamaient leur «droit au relogement». Et selon les dernières annonces officielles, ils auront gain de cause dans quelques jours. Comment , pourquoi et surtout qui a favorisé et toléré l’arrivée et l’installation de ces vagues d’occupants sur un site censé être gardé et contrôlé avant d’être éventuellement rasé et réaménagé ? Ainsi va Oran …
Par S.Benali